[retour à un affichage normal]

Accueil > recherche > Affichage d'une occurrence en contexte

Mazarinade n° A_3_8

Image de la page

Anonyme [[s. d.]], LE BON-HEVR DE LA FRANCE, EN LA MORT DE MAZARIN & de ses Adherens. , françaisRéférence RIM : M0_595. Cote locale : A_3_8.


iustifiante est vn don de Dieu par laquelle l’homme luy est
rendu agreable, & la gratuite est vn don de Dieu par lequel
le mesme homme est rendu capable de seruir le prochain : ce
don gratuit se rencontre dans les Magistrats, dans les Predicateurs,
& dans les Ministres d’Estat ; Or les effets de ce
don gratuit dependent tellement de la bonne renommée,
que si tost qu’vn homme a perdu l’honneur, & qu’il est mort
ciuilement, il est incapable de rendre ce don vtile au prochain :
Car quelle apparence qu’vn homme infame occupe
vn lieu d’honneur, paroisse en public ; gouuerne vn Estat ? il
faut viure dans vne bonne renommée pour rendre ce don
profitable,sed vitam extendere factis hoc opus ;ce qui nous fait
voir qu’il n’y a rien au monde de plus cher que l’honneur, &
qu’vn homme qui l’a perdu, est banny pour iamais de la memoire
des Iustes, de la conuersation des gens d’honneur, &
qu’il est rendu incapable de seruir le prochain.
 
Or supposé que Iule Mazarin ait esté homme d’honneur,
ie dis qu’il l’a perdu sans esperance de iamais le recouurer ;
parce qu’il est mort dans la memoire des Iustes ; parce qu’il
n’a aucun refuge fauorable ; parce qu’il n’a seruy au prochain
que pour le trahir & pour le perdre : s’il a perdu l’honneur,
il est mort ciuilement, & partant i’ay eu raison de vous
presenter sa honteuse defaite.
1. Il est mort dans la memoire des Iustes ; car s’il est vray
que celuy qui coupe vn arbre par le pied, n’a pas enuie de
manger de ses fruits ; s’il est vray que celuy qui tarit vne fontaine
dans sa source, n’a pas dessein d’estancher sa soif dans
vn ruisseau, voyant que Iule Mazarin en a tant voulu aux Iustes
qu’il les a tous chassez hors de France, est-il pas vray de
dire qu’il n’a pas eu enuie de posseder la Iustice ? ie me trompe,
il s’est vanté vne fois en sa vie en bonne compagnie de la
pouuoir posseder & d’en pouuoir disposer à sa discretion, à la
faueur de ses Finances ; mais malheur pour luy ? ses Loüis se
sont trouuez trop petits pour le poids qui court, & la balance
qui les a pesez trop iuste pour approuuer ses presens : d’où est
venu que se voyant abandonné de la Iustice, il a fait courir