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Mazarinade n° A_2_42

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Anonyme [1649], DEMOCRITE ET HERACLITE, RIANT ET PLEVRANT, sur le temps qui court. DIALOGVE SATYRIQVE. , françaisRéférence RIM : M0_999. Cote locale : A_2_42.


lors le bon Seigneur l’embrassa, luy fit grandes carresses,
& l’emmena pour l’entretenir en particulier. Voila l’entrée de ce
grand personnage, que tu crains vn iour deuoir subiuguer tout le
monde ; & tu pleureras, & tu ne riras pas auec moy de la folie des
hommes qui font vn veau d’or d’vn si chetif animal, & qui font si
grand cas de peu de chose ? Herac. Ie t’accorde tout cela, mais cependant
il est ie ne sçay par quels moyens paruenu en vne telle authorité,
qu’il semble deuoir dominer tout le monde, son ambition
est deuenuë si grande, que l’Vniuers est trop petit pour la borner,
son au arice si extreme qu’il a espuisé tous les tresors de la France, la
soif si enragée qu’il succe le sang de tous les peuples, & sa tyrannie si
cruelle, que ie crains qu’il ne renuerse les loix, qu’il n’abolisse le
culte Diuin, qu’il ne sappe les fondemens du Royaume, & qu’il n’acable
tous les gens de bien dans ses ruïnes. Democ. Non, non, cher
amy, n’apprehende point tant, attends le dernier acte, la Catastrophe
peut estre tres sanglante & funeste, mais ce sera pour luy seul :
il est seul autheur du mal, le mal-heur tombera sur luy seul. La fin
des Tyrans est tousiours violente, les Dieux vengeront leur querelle,
les Parisiens ne sont plus badauts, ils aiment leur Roy, & ce respect,
les a fait pastir & patienter ; le Roy recognoistra leur affection,
cependant ils ne se laisseront plus prendre à la pippée. M. Mrs du
Parlement ont des yeux de Linx qui penetrent iusques aux plus profondes
cachetes de la terre, il luy sera mal-aisé tost ou tard d’éuiter
leur Iustice. Les peuples ne peuuent souffrir deux Souuerains, ils ont
la force en main, pour vanger l’authorité de leur Prince vsurpée, &
sont conduits par des lyons, qui ne redoutent point les singes ; le
sang de celuy-cy guerita leur fievre, il est bien plus expedient qu’vn
seul & coupable perisse, que tant de sang innocent soit respandu ; il
jouë de son reste, il a voulu tout hazarder : mais il perdra tout ; la
chance est tournée, on cognoist son ieu, il n’est plus temps de piper,
il faut jouër tout à bon ; & quand cela arriuera, & que celuy qui à
allumé la guerre par tout le monde, par sa ruïne, ou par sa fuitte
honteuse, aura rendu la paix vniuerselle, que seul il a empeschée.
Tu ne ritas pas auec moy, pleuras-tu tousiours. Herac. Peut-estre
quitrerois je mon humeur chagrine, & aurois-je quelque ioye, si cela
arriuoit, & non pas pour me moquer comme tu faits : mais à cause
du contentement que i’aurois de celuy que receuroit tout le monde ;
mais cét esprit est trop obstiné à la ruïne de la France, qu’il perdra
s’il ne la possede tout entiere, & mal-aisement pourra-t’il quitter vn