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Mazarinade n° C_1_30

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Anonyme [1649], LE CONSEILLER FIDEL AV ROY. , françaisRéférence RIM : M0_765. Cote locale : C_1_30.


à Vostre Maiesté, par ce petit discours, les miseres de ce pauure &
desastré Royaume, si iniustemẽt traitté par les pernicieux conseils
de ceux qui sont ennemis de la grandeur de vostre Estat, afin
qu’il vous plaise d’y apporter quelque remede ; lequel, selon mon
aduis, vous deuez chercher & embrasser, pour premierement appaiser
l’ire du bon Dieu, par le quel vn chacun de nous est maintenant
si estrangement trauaillé.
 
Il ne faut pas s’approcher des Princes pour leur complaire : car
c’est les perdre ; mais bien leur dire la verité pure & nette ; où au
contraire les flatteurs, amis de table & de bouche, n’ont autre
but que leur profit, tous leurs conseils ne sont que trahison,
& tromperie, souhaittant toutes sortes de biens aux Princes,
fors qu’vn bon entendement, & la prudence. En fin, SIRE, les
flatteurs font vn mestier sordide, & ont la langue & l’ame venale,
comme est celle du plus pernicieux de tous les hommes de
ce temps ; duquel, au tres-grand regret de tous vos bons & fidels
subiects, & seruiteurs, vous estes tous les iours enuironné. I’entens
parler de ce pretendu Ministre estranger, & tout ensemble
Machiaueliste, que nous pouuons comparer à l’Hirondelle, laquelle
nous rompt la teste de son caquet, quand le temps est
doux & benin, & laquelle aussi nous quitte, & nous abandonne
durant les rigueurs & les plus grandes froidures de l’Hyuer.
Ie dis cecy, SIRE, pour vous ramenteuoir le danger où vous
estes, viuãt auiourd’huy au milieu d’vn si grãd flatteur, qui ayme
le vostre plus que vous mesme, & qui ne tasche qu’à vous perdre,
& vostre Royaume ; estant tres-asseuré, que si toutes ces violẽces
& ces iniustices, dont on vse à l’endroit de vos pauures subiets,
ne cessent bien tost, ne vous en garentiront iamais, ains en hasteront
d’auantage la ruine si manifeste & si euidente.
Neantmoins, SIRE, il vous est aussi aysé d’y pouruoir, comme
ie pense m’estre facile de l’escrire. Il ne reste que d’inuoquer
l’ayde de Dieu, & d’y apporter vostre consentement, pour nous
gouuerner, cõme vos predecesseurs Roys ont fait, & de vous seruir
de bons & naturels subiects & seruiteurs, au lieu de pauures
souffreteux & indigens, qui neantmoins se sont agrandis, & sont
deuenus riches au detriment du pauure, & des despoüilles de la