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Mazarinade n° C_1_41_1

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Anonyme [1649], LE COVRIER DE LA COVR, PORTANT LES NOVVELLES de S. Germain, depuis le 15. Mars 1649. iusques au 22. , françaisRéférence RIM : M0_821. Cote locale : C_1_41_1.


Place pour sa rançon : Mais qu’il auoit rescrit auec le mespris qu’il deuoit.
 
Huit bateaux chargés, sçauoir six de blé, & deux d’auoine, venans de Soissons
pour Paris, furent arrestez au Pont de S. Germain par ordre de la Reine,
dont les Marchands se plaignirent à quelques vns des Deputez du Parlement,
qui trauaillerent à les faire passer, mais ils ne peurent rien auancer pour ce iour.
Le bruit ayant couru que la ville de Tours s’estoit declarée pour Paris, & la
cherté d’argent & de viures estant grande à S. Germain, Monsieur le Comte
de S. Agnan se preparoit à ramener ses trois cents Cheuaux vers le païs Blaisois
pour garder leurs maisons. On disoit que les Bourguignons venus au mandement
de Monsieur le Prince, estoient sur le poinct de s’en retourner aussi
chez eux faute d’argent.
On fit grand feste de la nouuelle qui arriua, que les troupes d’Erlach estoient
arriuées en Champagne du costé de Ste Menchoud, & l’on croid qu’estant
iointes à celles du Mareschal Du Plessis, elles seront plus que suffisances pour
faire teste aux gens de l’Archiduc.
Dimanche 21. Quoy que le sieur d’Atonuille eust dit que les Deputez du
Parlement & de la Cour des Aydes de Roüen seroient sur les trois heures à S.
Germain, ils ne sont point arriuez, & il n’a esté rien fait ; Monsieur le Chancelier
ayant dit qu’il n’estoit pas besoin de s’asseoir, puisque tout le monde n’y
estoit pas, & qu’on asseuroit qu’ils y seroient dans la iournée. Ainsi la Conference
a esté remise à demain Lundy huit heures du matin. Mais on sçeut que
le iour precedent Monsieur le Prince de Conty auoit declaré au Parlement, que
tant luy, que tous les Seigneurs qui estoient auec luy, ayans enuoyé pour faire
des Propositions, on pourroit croire qu’ils n’auoient autre but que leurs interests,
& qu’afin que tout le monde sçeust qu’ils ne songeoient qu’au bien public,
ils protestoient qu’ils se departoient volontiers des demandes qui les pouuoient
regarder en particulier, pourueu que le Cardinal Mazarin se retirast, qui
estoit vne chose qu’ils estimoient necessaire pour l’vtilité publique, aussi bien
que pour la leur : Que neantmoins s’il y auoit tant de difficulté, que cela ne se
pûst obtenir sans mettre l’Estat en danger, ils s’en remettoient à ce que le Parlement
trouueroit bon, de quoy il auoit demandé acte, qui luy fut enuoyé, &
des Extraits du Registre enuoyez tant à Monsieur le premier President pour en
estre auerty, qu’au Comte de Maure, pour en faire la Proposition.
Les Deputez du Parlement ayant preslé pour le passage libre des huit batteaux
de Soissons, ont enfin obtenu auec beaucoup de peine, & contre les ordres
de quelques vns, qu’on en laisseroit passer six, qu’ils ont eux mesmes fait
partir, & donné ordre qu’on en amene dauantage des mesmes lieux. Ceux là
seront demain à Paris, s’il n’y a eu ordre de les arrester à S. Cleu.
Il y a eu auiourd’huy dans quelques maisons des principales de la Cour,
des cheuaux sellez, & des Cochers & postillons auertis de se tenir prests, sans
toutefois auoir ordre de partir, ce qui fait croire que le Roy ne sera pas long-temps
icy.