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Mazarinade n° C_1_42

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Anonyme [1649], LE COVRIER EXTRAORDINAIRE, APPORTANT LES NOVVELLES de la Reception de Messieurs les Gens du Roy à S. Germain en Laye, & de celle du Courier d’Espagne au Palais ; AVEC TOVTES LES HARANGVES qui ont esté faites. , français, latinRéférence RIM : M0_827. Cote locale : C_1_42.


donc à propos de deputer Messieurs les Gens du Roy vers la Reyne
pour receuoir ses volontez. Ce dessein fut retardé deux iours, faute
de Passe-port, lequel sut enuoyé de Saint Germain auec cette inscription ;
A Messieurs Talon, Meliand, & Buignon, cy-deuant nos Aduocats
& Procureurs Generaux dans nostre Cour de Parlement, laquelle
estonna fort ces Messieurs, qui ont tousiours passionnément desiré
se conseruer dans leur dignitez, comme dans l’obeyssance qu’ils doiuent
au Roy. Ils refusent donc ce Passe-port, & le desplaisir de l’auoir
veu fut chassé par vn autre bien different, & en bonne forme ;
auec lequel ils partent de cette Ville le dix-septiesme de ce mois, &
sont accompagnez des Archers de la Ville iusques à Chaliot : où ils
furent receus & escortez de cinquante Caualiers iusques à Saint
Cloud, où Monsieur de Grandmont apres leur auoir donné à desieuner
les conduit iusques à Chatou auec le Regiment de la Reyne
& de Mazarin ; d’où ils furent menez & escortez par d’autre Caualerie
iusques à Sainct Germain. Cette glorieuse escorte leur fut
presque rauie par la Reyne, Monseigneur le Prince, & Mazarin,
lesquels furent d’aduis (le Conseil estant assemblé sur cette delibeberation)
de ne leur en enuoyer point, mais les autres aduis l’emporterent,
& furent conduits, comme i’ay dit, & receus tres-honorablement
à Sainct Germain. Tous les habitans de cette place &
toute la Cour se reiouyssoient dans la pensée qu’ils auoient que ces
Messieurs estoient venus chercher la Paix, pour leur donner & nous
l’apporter dans Paris, tant il est vray que les hommes naturellement
n’ont de l’amour que pour la Paix, & de l’horreur que pour la Guerre.
On dit mesme que nostre bonne Reyne quitta à l’arriuée de ces
Messieurs la tristesse qu’elle auoit conceuë dans la consideration
des miseres de son Peuple, pillé & massacré par des barbares, qui
ne connoissent pas les noms de Pieté & vraye Religion, puis qu’ils
appartiennent à vn Ministre.
 
Elle les reçoit donc auec les tendresses d’vne bonne Reyne enuers
ses suiets, & escoute paisiblement leurs sousmissions & celles de
tout Paris, qu’ils exprimerent en ces termes.
MADAME,
Nous apportons à vos pieds nos Vies & nos Libertez,
comme vos fidelles Subiets, auec celles de vostre Parlement, & de
tout Paris, qui ne souspirent qu’apres vostre retour, & ne font des
vœux que pour vostre presence. Nous recognoissons que le Ciel irrité,
auec vostre Personne, & celle du Roy nostre Sire, à cause de nos