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Mazarinade n° C_1_40_01

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Anonyme [1649], LE COVRIER FRANÇOIS, APPORTANT TOVTES LES Nouuelles veritables de ce qui s’est passé depuis l’enleuement du Roy, tant à Paris, qu’à S. Germain en Laye. , françaisRéférence RIM : M0_830. Cote locale : C_1_40_01.



Mesdits Sieurs les Gens du Roy estans à S. Germain, furent renuoyez,
sans que l’on leur voulut donner aucune Audience.
Et le Vendredy huictiesme, la Cour sur le recit qu’ils firent de ce que
dessus, Ordonna que tres-humbles Remonstrances par escrit seroient faites
au Roy & à la Reyne, & attendu que le Cardinal Mazarin estoit notoirement
l’Autheur des desordres de l’Estat & du mal present, l’auroit
declaré Perturbateur du repos public, Ennemy du Roy & de son Estat,
à luy enioint de se retirer de la Cour dans ce iour, & dans huictaine hors
du Royaume, & ledit temps passé enioint à tous les Suiets du Roy de luy
courre sus, & defenses à toutes personnes de le receuoir : & outre auroit
ordonné qu’il seroit fait leuée pour la seureté de la Ville, & escorter ceux
qui y emmeneroient des viures.
Le mesme iour les Bouchers estans à Poissy au marché, leur fut signifié
vn Arrest rendu par le Chancelier, par lequel defenses leur estoient
faites d’achepter aucun bestial pour mener à Paris, & à tous Marchands
Forains de leur en vendre, nonobstant lesquelles defenses, la Ville ne laissa
d’estre pourueuë suffisamment.
De sorte que le Samedy neufiesme dudit mois, l’on fit sortir des Gens
de Guerre pour escorter lesdites Marchandises, & les Boulangers des
Villages circonuoisins de Paris, qui y emmenerent leur pain aux Marchez,
horsmis ceux de Gonesse qui furent empeschez de venir par quinze
cens Suisses, & quelques Compagnies des Gardes, qui furent mises à S.
Denis & Hauberuilliers par l’ordre du Cardinal Mazarin ; neantmoins
la Ville fut suffisamment fournie pour ce iour.
Le mesme iour neufiesme Ianuier la Cour rendit Arrest, par lequel elle
ordonna que la taxe faite lors de Corbie seroit suiuie, & que chacun Habitant
de Paris payeroit le double, & que les nouueaux Conseillers de la
Creation de 1635. payeroient suiuant leurs offres la somme de trois cens
mil liures, moyennant quoy ils pourroient & leurs vefues & heritiers
disposer de leurs Offices comme les anciens, & outre qu’il seroit fait emprunt
de la somme de quatre cens cinquante mil liures, sçauoir par les
Presidens & Conseillers de la Grand’Chambre cinquante mil liures, par
les Presidens & Conseillers de chacune Chambre des Enquestes pareille
somme de cinquante mil liures, par les Presidens & Conseillers des Requestes
du Palais pareille somme de cinquante mil liures, & par les Maistres
des Requestes cent mil liures.
Monsieur le Duc Delbeuf, Prince de la Maison de Lorraine, à qui la
France a grande obligation de long-temps, s’estant autrefois employé à
exterminer les rebelles Heretiques qui la vouloient destruire, a voulu encores
la rẽdre sa redeuable par les offres qu’il a fait le premier à Messieurs
du Parlement, pour estre Chef des Troupes que l’on leuoit pour le seruice
du Roy contre les Ennemis de son Estat & de son Peuple.