[retour à un affichage normal]

Accueil > recherche > Affichage d'une occurrence en contexte

Mazarinade n° C_2_54

Image de la page

Anonyme [1649], LE DVEIL DE PARIS SVR L’ELOIGNEMENT du Roy. , françaisRéférence RIM : M0_1064. Cote locale : C_2_54.



 
Ie ne vois qu’à dédain ces biens & ces honneurs,
I’en fais vn sacrifice à mes justes douleurs :
Et negligeant le nom de belle & d’agréable,
Ie choisis desormais celuy d’inconsolable :
Puisque ie ne vois plus Lovrs que mes desirs
Demandent tous les jours, par de brûlans soupirs.
Oüy d’vn dueil eternel ie veux couurir ma joye,
Verser incessamment ces pleurs où ie me noye,
Et me consumer mesme en ce lugubre employ,
Puis qu’invtilement ie souhaitte mon Roy :
Ce Roy qui fait ma gloire & l’honneur de la FRANCE,
Et dont le regne doit combler son esperance.
 
 
En vain donc le Soleil, ce grand Astre des iours,
De ces plus nobles feux rameine icy le cours,
Et chassant les glaçons, tyrans des belles choses,
Rend le blanc à mes lys, & le rouge à mes roses,
Et tire hors de la terre ainsi qu’hors du tombeau,
Ce qu’elle y renfermoit, & de riche & de beau.
Il ne mesemble plus qu’vne lampe funebre
Qui rend par ses clartez mon mal heur plus celebre :
Ses rayons éclatans dont il dore le Ciel,
Me paressent des traits d’amertume & de fiel :
Et s’il m’estoit permis, au chagrin qui me presse.
Ie les esteindrois tous dans la nuit plus epess.
 
 
Mon Monarque est mon Astre, & de luy seul i’attens
Ma saison plus riante, & mon plus gay Printemps :
Son ieune front couuert de Lauriers & de Palmes,
Peut seul me rendre heureuse, & donner des iours calmes :
Et lors que ie n’ay point son fauorable aspect
Mon bon heur m’importune, ou me semble imparfait.