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Mazarinade n° B_18_33

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Anonyme [1652], LE FIDELE EMPIRIQVE OV LE PVISSANT HELLEBORE D’VN ANTI-MACHIAVEL : Pour contenter les Mal-contens de l’Estat, & affermir la Liberté des Peuples. "Cœcus est qui Veritatem odit." , français, latinRéférence RIM : M0_1387. Cote locale : B_18_33.


du Prince, ou par autre tel accident : mais mesme
qu’il y a le plus souuent des saisons, esquelles il doit de son
chef quitter les affaires, & y renoncer, s’il apert que cela
soit vtile pour le bien du seruice de son Prince. Ie sçay que
d’abord cecy semblera approcher du paradoxe, mesmes en
la Cour : mais la chose estant bien considerée, i’estime
qu’il n’y a personne qui n’en doiue demeurer d’accord.
 
Pour exemple, Les Ducs de Bretagne & de Bourgogne
broüilloient fort les affaires de Charles VII. Il tascha de
calmer ces fascheux esprits, & noüer quelque espece de
paix auec eux Ils n’y voulurent point entendre, tandis
que le Roy se seruiroit du conseil de Messire Tannegui du
Chastel, du President Louuet, & de quelques autres, ausquels
ces Princes imputoient tout ce qui leur desploiroit
au gouuernement. Ces gens ne marchanderent point, ils
offrirent de se retirer, & en effet ils se retirerent : ce qui
fut suiuy d’vne paix.
Ce n’est point que ie vueille dire, qu’il en faille toûjours
vser ainsi : il s’en faut bien donner garde, n’y d’accoustumer
les broüillons à remuer les Conseils du Prince à leur
appetit, comme nous dirons plus particulierement cyaprés ;
mais ce que ie dis est, que quand l’eloignement de
ces Ministres peut empescher vn plus grand mal, en ce cas
ils doiuent se soûmettre entierement, pour le bien des affaires
de l’Estat.
Or pour en donner encore vne preuue tres euidente &
manifeste, il est aisé de considerer le deportement & la
generosité d’vn de ceux, qui furent éloignez de la Cour en
l’an 1588. Car encor que celuy là eust plus de suject de
porter cette disgrace auec indignation, que les autres :
d’autant qu’en cette cheute il n’estoit que comme l’ombre
d’vn autre ; neantmoins il n’en fit point de bruit, & sur le
commandement qui luy fut fait, il ne dit autre chose, sinon,
que comme il auoit auparauant seruy le Roy, en le
faisant obeïr par les autres, il le vouloit encor seruir en
cette occasion, par l’exemple de sa propre obeïssance.