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Mazarinade n° A_3_64

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Anonyme [1649], LE FORT ET PVISSANT BOVCLIER DV PARLEMENT, EN FORME D’APOLOGIE. DEDIÉ AV ROY. , français, latinRéférence RIM : M0_1402. Cote locale : A_3_64.


cette Ville par vne Paix generale. Et neantmoins apres ces
belles promesses, apres ces sentimens d’admiration, de loüange,
d’affection, de reconnoissance, de remerciment : on vous enleue,
SIRE, au milieu de la nuict, sans tambour, sans trompette, & sans
la suite & l’appareil digne d’vne Majesté Royale, comme si ce larcin
& ce vol n’eust pas eu assez d’horreur par la seule circonstance de
vostre personne sacrée, sans y adjouster encore celle du temps, & de
vostre equipage. Cét enleuement, SIRE, ne manque pas de ietter
vne consternation generale dans les esprits de vostre peuple, il se
lamente, il crie, il pleure, il se rend inconsolable, il redemande son
Roy, & cependant personne n’est capable de cette restitution que
celle qui vous ayant obtenu du Ciel, ne deuoit point vous refuser à
la terre, & laquelle apres vous auoir donné par miracle, estoit encore
obligée de vous rendre à nous-mesme par iustice : On l’en prie, on
l’en cõiure, le Parlement touché de compassion & de pitié par les gemissemens
de vostre pauure peuple, se transporte à Ruel, prie la
Reyne vostre Mere de retourner à Paris, & d’y ramener vostre Majesté
qu’vn mauuais Ministre nous auoit enleué, auec dessein de mettre
le trouble dans vostre Estat, pour obliger vostre ennemy, dont il
est le Pensionnaire & le Sujet : mais elle change ses premiers sentimens
en d’autres bien differens & bien estranges ; auparauant elle
admiroit, maintenant elle rebute ; elle loüoit, elle blasme ; elle estimoit,
elle mesprise, elle se ressouuenoit, elle oublie ; elle promettoit,
elle menace ; elle remercioit, elle condamne ; elle change son admiration
en reproches ; ses loüanges en blasme, son amour en haine,
son estime en mespris, son ressouuenir en oubliance, ses remercimens
en ingratitudes, & charge la premiere Compagnie du Royaume
de mauuaises paroles & d’injures, apres ne luy auoir fait esperer
que des reconnoissances & des biens faits.
 
Le Parlement, SIRE, auec vne égalle bonté essuye toutes ces
disgraces & ces hontes ; & sçachant que ce changement si subit estoit
l’effer de l’approche des armées & des trouppes, dont le Cardinal
dégarnissoit vos frontieres pour asseurer sa perte, maintenir le monopole
dans son credit, continüer sans obstacle le pillage de vos finances,
& s’opposer entierement à l’execution des bonnes Loix :
Voyant que le mal s’augmentoit de iour en iour : Qu’il entretenoit
la guerre par ses intrigues. Que les deniers leuez sous pretexte de la
guerre ne passoient point ses coffres : Que le peuple plioit sous la
charge trop pesante des impositions & des taxes : Que les Tailles