[retour à un affichage normal]

Accueil > recherche > Affichage d'une occurrence en contexte

Mazarinade n° A_3_64

Image de la page

Anonyme [1649], LE FORT ET PVISSANT BOVCLIER DV PARLEMENT, EN FORME D’APOLOGIE. DEDIÉ AV ROY. , français, latinRéférence RIM : M0_1402. Cote locale : A_3_64.



Les plus sages Politiques, SIRE, mettent la Iustice pour rempart
contre la tyrannie & les violentes vsurpations des Grands ; & Platon
disoit que ce [3 lettres ill.]ant Phrygien ne pouuoit sans elle affermir son Empire :
C’estoit donc, SIRE, le deuoir de cét illustre Senat de s’opposer
en ce rencontre aux violences & aux cruautez des faux Ministres,
à ces allumettes de discorde, à ces esprits Catilinaires qui meriteroient
le feu pour auoir à l’aduantage d’vn infame Sicilien cherché
l’embrasement de leur Patrie ; c’estoit à eux à esteindre cét Erostrate
incendiaire du Temple de la Paix, à dompter ce Chameau qui
ne boit qu’en eau trouble, à retenir ce Cancre qui regarde de
trauers la prosperité de la France, à engourdir ce Veau-marin qui
saute d’aise parmy la tempeste & l’orage, à moderer ce Camelcon à
qui la perfidie fait changer de couleur à tout moment, à temperer
cét Assyrien mal-heureux qui n’adore que le feu des combustiõs ciuiles,
& qui comme vn Pyrauste ne se plaist que dans les incendies, &
dans les flammes : C’estoit à eux, SIRE, à seruir de barriere à la fureur
& conuoitise de Mazarin, lequel ayant esté comme cét Ouurage
& Marmouzet de Promethée formé de la lie & de la bouë d’vne
tres-vile naissance, & nouuellement animé d’vn feu d’amour pris
au chariot de la Lune, & tiré secrettement de son sein aueugle ;
estant enfin deuenu grand, & de Pigmée qu’il estoit, ayant
pris la hauteur d’vn Geant à la faueur de son Ministere, a declaré la
guerre aux Dieux, les voulant aneantir : Ils l’ont fait, SIRE, dans le
dessein de maintenir l’authorité de vos Peres, & la grandeur de vostre
puissance.
Le plus Sainct de vos Maieurs SIRE, ne faisoit que de commencer
encore à gouuerner, que des esprits turbulens & seditieux fondez
sur le bas aage du Roy, taschent à troubler la Monarchie, ils allument
la guerre par tout le Royaume : Le Duc de Bretagne, le
Comte de Champagne & de la Marche souhaitant s’establir sur son
débris, se liguent ensemble, vnissent leurs trouppes, & leur armée
grossissant remplit le pays d’horreur & d’effroy. Vous estes, SIRE,
l’enfant de ce Monarque, le fils de ce Sainct, le Successeur de la
Couronne & de son Sceptre, vous le deuez estre de sa saincteté
& de sa vertu dont les illustres idées, & les genereuses pratiques
vous furent si agreablement inculquées en vne Chaire des
plus celebres de Paris, par la bouche & l’organe de Monseigneur de
Corinthe : Mais vous ne deuiez pas estre l’heritier de son mal-heur
& de son infortune, il falloit que nos Magistrats voyant que des factieux