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Mazarinade n° B_13_32

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Anonyme [1652], LE GOVVERNEMENT DE L’ESTAT PRESENT, Où l’on void les fourbes & tromperies de Mazarin. , françaisRéférence RIM : M0_1502. Cote locale : B_13_32.



Luy tiennent lieu de loix diuines,
Et la plus sainte Faculté,
Par luy n’a plus deliberté,
Si Mazarin deuient injuste
Contre le Parlement Auguste,
Il a l’ardeur d’vn renegat,
Et sous mains les choque & les bat,
Mais son auarice est extreme,
Et dans sa dignité supresme
Il fait le gueux & le faquin,
Comme s’il n’auoit point du pain.
Son ame basse & mercenaire,
Le rend plus cruel qu’vn corsaire.
S’il y va de son interest,
Ou quand quelque maison luy plaist,
Il ne croit point d’illlustre ouurage,
Que de s’enrichir dauantage,
Et pleure de n’auoir encor
Peu gaigner vn million d’or.
La Fabry, cette serrurierre,
Cette laide, cette fripiere,
Ce dragon qui rapine tout,
Qui court Paris de bout en bout
Pour auoir aux ventes publiques
Les meubles les plus magnifiques,
Et ne donnant qu’vn peu d’argent,
Elle fait trembler le Sergent.
C’est à Sieuger vne harpie,
Vn demon qui sans cesse crie,
Qu’il faut voler à toutes mains,
Que sans biens les honneurs sont vaines.
Elle contre fait la bigotte,
Et se laisse leuer la cotte,
Assaisonnant ses voluptez,
D’eau benistes & de charitez.
Son mary carresse les Moines,
Elle carresse les Chanoines,
Et fait auec chacun d’eux
Ce qu’on peut faire estant deux.
Desa jeu nouueau Secretaire,
Merite bien quelque salaire,
Car il est assez bon valet,
Quoy que ce ne soit qu’vn jodelet.
Et ne connoist point de prudence,
Que la plus lasche complaisance,
Et cherche son element
Par vne infame abaissement.
Sa vertu n’est point scrupuleuse,
Et d’vne addresse merueilleuse,
Quitte le bien & suit le mal,
Selon qu’il plaist au Cardinal.
Vne legere suffisance
Passe en luy pour grande science,
Et le signalle entre ses beaux,
De Lomenie & Phelipeaux.
Son ame est esgalle à sa mine,
Elle est petite, foible & fine,
Et n’a point du tout cet esclat
D’vn grand Secretaire d’Estat.
Sa splendeur n’estant que commune.
Ne peut aux yeux estre importune,
Et son naturel bas & doux,
Luy donne fort peu de jaloux.
Seruient ton noble genie,
T’a fait sortir la tyrannie
De ce regne où les genereux
Sont tous pauures & malheureux.
Ainsi l’Astre par la lumiere
Eclate vne vapeur grossiere,
Qui ternit toute la clarté,
Et qui nous cache sa beauté.
Que si Soleil chasse l’ombre,
S’il perce le nuage sombre,
Espere que les enuieux,
Te verront vu jour glorieux.