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Mazarinade n° B_13_32

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Anonyme [1652], LE GOVVERNEMENT DE L’ESTAT PRESENT, Où l’on void les fourbes & tromperies de Mazarin. , françaisRéférence RIM : M0_1502. Cote locale : B_13_32.



Il agit en cor leur repos
Il trouble leurs cendrer & leurs os :
Il des-honore leur memoire,
Leur oste la vie & la gloire.
Ce Tyran veut que ces Martyrs
N’ayent que d’infames souspirs
Dans leur plus injuste souffrance,
Qu’on approuue ses violences,
Et que l’on blesse la verité,
Pour adorer sa cruauté.
Il aime les fureurs brutalles
Des trois suppors de sa caba[2 lettres ill.]e,
De ce pouruoyeur de boureaux,
Et de ces deux monstres nouueaux,
Qui plus terribles qu’vn Cerbere,
Déchirent sans estre en colere
De Testu cette ame de fer,
Digne Preuost de Lucifer ;
Cét instrument de Tyrennie,
Qui rend la liberté bannie,
Ce Geolier qui de sa maison
Fait vne cruelle prison,
Et qui traitte auec insolence
Les braues suposts de la France,
Lors qu’il les conduit à la mort,
Lors que l’Estat pleure leur sort,
Lors que le Destin miserable
Rendroit vn Tygre pitoyable.
Mais quels insignes attentats
N’ont fait ces meschans celerats ?
Quels Iuges sont aussi severes
Que ces cruels Commissaires ;
Ces boureaux de qui les souhaits
Sont de peupler tous les gibets ?
De qui les mains sont toûjours prestes
A couper des illustres testes,
A faire verser à grands flots
Le sang dessus les échafauts.
La mort naturelle & commune
Leur déplaist & les importune ;
Et la sanglante a des appas,
Où leur cœur prennent leur ébas :
En decapitant ils se joüent,
Ils sont encor plus guais s’ils roüent ;
Mais leur plus agreable jeu
Est de brusler à petit feu.
Mazarin a choisi ces Scythes,
Pour ses fidels satellites,
Pour montrer qu’il tient en ses mains
La vie & la mort des humains,
Et qu’il regne par sa puissance
Comme les Rois par leur naissance.
Ses Tyrans menacent les Grands,
Et font trembler les innocens,
Castrain, Marillac & la Iarre
Ont paty deuant des barbares.
Et veu leur mort dedans les yeux
De ces Tygres audacieux.
Mazarin fait des sacrifice
De cruautẽ & d’injustice,
Pour paroistre ses seruiteurs,
Ils sont les Sacrificateurs.
Ce Molec les a pour ses Prestres,
Il arme de cousteaux ces traistres,
Pour immoler sur des Autels
Non des bestes, mais des mortels.
Le vieux Tyran des Arsacides
A moins commandé d’homicides
Que ce moderne Phalaris.
Ce Monstre entre les Fauoris,
Son œil farouche & sanguinaire
S’allume dedans sa colere ;
Ses ragards sont d’vn bazilic,
Sa langue a le venin d’aspic :
Elle sert d’armet à sa malice,
Elle couure son injustice,