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Mazarinade n° B_12_27

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Anonyme [1652], LE GOVVERNEMENT DE L’ESTAT PRESENT, Où l’on void les fourbes & tromperies de Mazarin. , françaisRéférence RIM : M0_1502. Cote locale : B_12_27.



En nous liurans aux estrangers,
En meprisant les grands dangers.
En de garnissant les frontieres,
En n’assurant point les riuieres,
Bref en abandonnans les Lys,
A la fureur des ennemis.
Au sort des armes si funeste,
A la faim la guerre la peste,
Lors qu’il doit penser aux combats,
Il prend ses comiques esbats.
Et pour ouurage se propose,
Quelque pœsme pour Belle rose,
Il d’escrit de fauces douleurs,
Quand l’Estat souffre de vrays, mal-heurs.
Il traicte vne piece nouuele,
Quand on emporte la Capelle,
Et consulte encore Bois-robert,
Quand vne Prouinee se pert.
Les peuples sont touchez de crainte,
Le Parlement porte leur plainte,
Implore le Roy pour Paris,
Sans offenser les fauoris.
Mazarin, toutesfois le querelle,
En flamme sa face cruelle,
Et d’vn regard de furieux,
Le traite de seditieux.
Certes illustre compagnie,
Tu dois adoucir ce genie,
Dont le jugement nom pareil,
Est plus clair que le Soleil.
Luy seul découure toute chose ;
Preuient les effects dans leur cause,
Perse la nuict de l’aduenir,
Sçait tour deffendre & tout munir.
Il a pris l’attaque du Liege,
Pour vne fraude & pour vn piege,
Il a preueu ce que tu vois,
Le monstre des peuples François.
Dix mille bourgades pillées,
Vn grand nombre dautres bruslées,
L’horreur, la mort de toutes parts,
Trente mille habitans espars
Cachez dans les lieux solitaires,
Dix mille déja tributaires,
Et les fers encor preparez,
Aux foibles & moins remparez.
Demeure donc dans le silence,
Auguste Oracle de la France,
Laisse Mazarin au vaisseau,
Nul autre pilote nouueau.
Ne peut conjurer la tempeste,
Qui gronde dessus nos teste,
Luy seul commande aux Elemens,
Luy seul est le maistre des vens,
Luy seul bride le fier Neptune,
Lors que son onde l’importune,
Il luy fait des escueils nouueaux,
Il se promenne sur ses eaux.
Et d’vne digue merueilleuse,
Dompte sa nature orgueilleuse,
Si le Dieu de toutes les mers,
Ses veu captifs dessous ses fers.
Ne domptera-il pas l’Espagne,
S’il la rencontre a la campagne ?
Les humains flechiron-t’ils pas,
Voiant que les dieux sont à bas ?
Il a vaincu les Nereides,
Terrassé les troupes humides,
Foudroyé cent mille Tritons,
Et ne crains vingt mille fripons.
Et cette Espagnol canaille,
Qui fuira deuant la bataille,
Mazarin, le plus grand des humains,
Porte le Tonnerre en ses mains.
Il gouuerne la destinée,