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Mazarinade n° C_4_27

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Anonyme [1649 [?]], LE GOVVERNEMENT PRESENT, OV ELOGE DE SON EMINENCE, SATYRE, OV LA MILIADE. , françaisRéférence RIM : M0_1503. Cote locale : C_4_27.



A moins commandé d’homicides,
Que ce moderne Phalaris,
Ce monstre entre les fauoris,
Son œil farouche & sanguinaire
S’alume dedans sa colere,
Ses regards sont d’vn bazilic,
Sa langue a le venin d’aspic,
Elle sert d’arme à sa malice,
Elle couure son iniustice,
Et mesle la douceur du mie
A l’amertume de son fiel,
Et sa parole est infidelle,
Autant que sa main est cruelle,
Il ne perce qu’en caressant,
Et n’estouffe qu’en embrassant,
Il flatte lors mesme qu’il tuë,
Et son ame n’est iamais nuë,
Il deguise ses actions,
Dissimule ses passions,
Compose son geste & sa mine.
Le demon à peine deuine,
Le mal qu’il cache dans son sein
Il lit à peine en son dessein,
Il ayme les lasches finesses,
De perdre malgre ses promesses,
De lancer soudain dans les airs
La foudre sans bruict, sans esclairs,
De faire esclater vn orage,
Lors que le ciel est sans nuage,
Il est meschant, il est trompeur,
Il est brutal, il est menteur,
Ses baizairs sont baizers de traistre
Il n’est iamais ce qu’il feint d’estre,
Il trompe par tous ses discours,
Et s’il traitte auecque des sourds
Il les deçoit par son visage,
Contrefaict le doux & le sage,
Leur sousrit, leur presse les mains,
Et par des conseils inhumains,
Faict apres tomber sur leur teste
Vne formidable tempeste,
Si les Reynes l’ont en horreur,
Il pleure pour gaigner leur cœur,
Il les combat auec leurs armes,
Et lors qu’il verse plus de larmes,
Il leur prepare vne prison,
Et s’il est besoin du poison,
Ses pleurs sont pleurs de crocodille,
Qui menacent de la bastille,
Qui pour venger des desplaisirs,
Causent des pleurs & des souspirs.
Son ame prend toute figure,
Hormis celle d’vne ame pure,
Il faict ce qu’il veut de son corps,
Le dedans combat le dehors,
C’est luy sans que ce soit luy mesme,
En fin c’est vn bouffon supresme,
Sans masque il est tousiours masqué,
Turlupin n’a point pratiqué
Tant de tours ny tant de souplesses
Tant de fourbes ny tant d’adresses
Que ce protecteur des bouffons,
Ce grand mœcenas des fripons,
Il faict bien chaque personnage,
Fors celuy d’vn Ministre sage,
Il imite bien les tyrans,
Et les Ministres ignorans,
Ce charlatan sur son theatre,
Croit voir tout le monde idolatre
De ses discours de ses leçons,
De ses pieces, de ses chansons.
On souffriroit ses comedies,
Quoy que foibles & peu hardies,
Si des tragiques mouuemens
N’en troubloient les contẽtemens,
S’il n’auoit affoibly la France,
En destruisant son abondance,
En augmentant tous les impoz
En multipliant tous les maux,
En tirant le sang des prouinces,