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Mazarinade n° C_4_27

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Anonyme [1649 [?]], LE GOVVERNEMENT PRESENT, OV ELOGE DE SON EMINENCE, SATYRE, OV LA MILIADE. , françaisRéférence RIM : M0_1503. Cote locale : C_4_27.



En persecutant les grands Princes,
En outragant les potentats,
En leur vsurpant tous leurs Estats,
En formant vne longue guerre,
En l’attirant dans nostre terre,
En nous liurant aux Estrangers,
En mesprisant les grands dangers,
En desgarnissant les frontieres
En n’assurant point les riuieres,
Bref en abandonnant les Lys
A la fureur des ennemis,
Au sort des armes si funestes,
A la faim, la guerre ; la peste,
Lors qu’il doit penser aux combats,
Il prend ses comiques esbats,
Et pour ouurage se propose
Quelque poesme pour Belle-rose,
Il descrit de fausses douleurs,
Quãd l’Estat sẽt de vrays malheurs,
Il trace vne piece nouuelle,
Quand on emporte la Capelle,
Et consulte encor Bois-robert,
Quand vne Prouince se pert,
Les peuples sont touchez de crainte
Le Parlement porte leur plainte,
Implore le Roy pour Paris,
Sans offenser les fauoris.
ARMAND, toutesfois le querelle,
En flamme sa face cruelle,
Et d’vn regard de furieux,
Le traite de seditieux.
Certes illustre Compagnie,
Tu dois adoucir ce genie,
Dont le iugement nom pareil,
Paroist plus clair que le Soleil,
Luy seul descouure toute chose,
Preuient les effects dans leur cause,
Perce la nuict de laduenir,
Sçait tout deffendre & tout munir,
Il a pris l’attaque du Liege
Par vne fraude, & par vn piege :
Il a preueu ce que tu vois,
Le meurtre des peuples François,
Dix mille bourgades pillées,
Vn grãd nombres d’autres bruslées,
L’horreur, la mort de toutes parts,
Trente mille habitans esparts,
Cachez dans les lieux solitaires,
Dix mille desia tributaires,
Et les fers encor preparez
Aux foibles & moins remparez.
Demeure donc dans le silence
Auguste oracle de la France,
Laisse Armand mener le vaisseau,
Nul autre Pilote nouueau
Ne peut coniurer la tempeste,
Qui gronde dessus nos testes,
Luy seul commande aux Elemens,
Luy seul est le Maistre des vents,
Luy seul bride le fier Neptune,
Lors que son onde l’importune,
Il luy fait des escueils nouueaux,
Il se promene sur ses eaux,
Et d’vne digue merueilleuse
Dompte sa nature orgueilleuse,
Si le Dieu de toutes les Mers
S’est veu captif dessous ses fers,
Ne domptera-il pas l’Espagne,
S’il la rencontre à la campagne ?
Les humains flechiront-ils pas,
Voyants que les Dieux sont à bas ?
Il a vaincu les Nereides,
Terrassé les troupes humides,
Foudroyé cent mille Tritons,
Et ne craint vingt mille fripons,
Et cest l’Espagnole canaille,
Qui fuira deuant la bataille.
ARMAND, le plus grand des humains
Porte le tonnerre en ses mains,