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Mazarinade n° C_4_27

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Anonyme [1649 [?]], LE GOVVERNEMENT PRESENT, OV ELOGE DE SON EMINENCE, SATYRE, OV LA MILIADE. , françaisRéférence RIM : M0_1503. Cote locale : C_4_27.



Il gouuerne la destinée,
Tient la fortune enchaisnée,
Son esprit fait mouuoir les Cieux,
Braue les Rois & les Dieux.
Crains-tu de n’auoir point de poudre ?
Ce Iupiter porte le foudre.
Crains-tu de manquer de canons ?
Il est trop au dessus des noms,
Au dessus des tiltres vulgaires,
Au dessus des loix ordinaires,
Pour employer dans les combats,
Autre tonnerre que son bras,
Ses moins fortes rodomontades
Sont bien plus que des canonades,
Dans ses plus foibles visions
Il terrasse dix legions,
En parlant auec ses esclaues
Il fait desia peur aux plus braues,
Auec ses seules vanitez
Il reprend desia des Citez,
Et dans sa plus froide arrogance
Conçoit vne riche esperance,
Il plaint quasi ces Estrangers,
De s’estre mis dans les dangers,
Où se sont mis Valence & Dosle,
Par leur temerité friuolle,
Ce sage se rit de ces fous,
Et les croit voir à deux genoux
Excuser leur outrecuidance,
D’auoir irrité sa prudence,
D’auoir mesprisé Richelieu,
Dont le nom rime à demy-Dieu,
D’auoir d’vne atteinte mortelle
Esbranlé sa pauure ceruelle,
D’auoir resueillé ses humeurs,
Qui l’ont agité de fureurs,
D’auoir terny toute sa gloire,
D’auoir esmeu sa bile noire,
D’auoir rendu son poil plus blanc,
D’auoir trop eschauffé son sang,
Et d’auoir reduict son derriere
A sa disgrace coustumiere,
Il croit, se voyant à cheual,
Voir Alexandre & Bucefal,
Il croit que sa seule prudence,
Le renom de son insolence,
Le son de ses trente mulets,
Le grand nombre de ses valets,
Les destours de sa Polytique,
Les secrets de son art comique,
Le verd esclat de ses lauriers,
Le bruit de ses actes guerriers,
Le feu de son masle courage,
Et les rayons de son visage,
Glaceront les timides cœurs
De ses fiers & cruels vainqueurs :
Il croit desia piller Bruxelles,
Et par des vengeances cruelles
Traitter comme l’on fit Louuain,
Apres la bataille d’Auain.
Pour faire de si beaux miracles,
Il consulte de grands Oracles,
Le Moyne des Noyers, Seguier,
Le ieune & le grand Bouthillier,
Voila les Conseillers supresmes,
Qu’il consulte aux perils extremes.
Le Moine, imite sainct François,
Il protege les Suedois,
Il a le zele Seraphique,
Il trauaille pour l’heretique,
Il est percé du diuin traict,
Mais non encor tout à faict,
Car il porte bien les stigmates,
Mais non les marques d’escarlates
Son Capuchon Piramidal
Ne luy plaist qu’estant à cheual,
Sur la beste luxurieuse,
Qui prend la posture amoureuse,
Et par le branle & par le chocq