[retour à un affichage normal]

Accueil > recherche > Affichage d'une occurrence en contexte

Mazarinade n° C_4_27

Image de la page

Anonyme [1649 [?]], LE GOVVERNEMENT PRESENT, OV ELOGE DE SON EMINENCE, SATYRE, OV LA MILIADE. , françaisRéférence RIM : M0_1503. Cote locale : C_4_27.



Qui les porte sur ses espaules,
Qui soub ce faix n’est iamais las,
Qui n’a point besoin d’vn Athlas,
Et qui dessus sa maigre eschine
Veut porter la ronde machine.
Ce Courtisan subtil & vain,
A fait le Politique en vain,
Les fautes sont toutes visibles
Et ne nous sont que trop sensibles,
Les premieres prosperitez
L’ont signalé de tous costez,
Mais les auantures sinistres
L’ont mis au rang des sots Ministres,
Et est que dans les grands malheurs
Que l’on reconnoist les grands
cœurs
L’esclat des heureuses fortunes,
Rend rares les ames communes,
Et les ouurages du hazard
Passent pour Chef-d’œuure de l’art.
Tout Pilote est bon sans orage.
L’imprudent alors paroist sage :
Mais il se monstre ingenieux
Lors que les flots montent aux
Cieux.
Quand Dieu punissoit l’infidelle,
Quand il foudroioit les rebelles,
Quand il vengeoit le droict des
Rois,
Quand il combatoit pour les loix,
Quand il chatioit la Sauoye,
Quand il nous la donnoit en proye,
Quand il se seruoit de nos mains,
Pour deliurer les souuerains :
Armand estoit esgal aux Anges,
Et les flateurs dans les loüanges
Donnoient au bras de Richelieu
Les miracles du droict de Dieu.
Non que par ses soins & ses veilles,
Il n’ait eu part à ces merueilles,
Et que Dieu n’ait des instrumens,
Des plus fameux euenemens :
Mais la diuine prouidence,
Conduisoit sa foible prudence,
La force des Astres diuains,
Mettoit la force en ses mains.
Dieu regloit les causes secondes
Et calmoit la fureur des ondes :
Il leur faisoit baiser alors,
Nostre digue ainsi que leurs bords,
Et la prouidence eternelle,
La destruict apres la Rochelle,
Donnons-en la loüange à Dieu,
Non pas au nom de Richelieu,
Dans Ré, dans Cazal, & Mantouë
Qui n’a point veu que Dieu se iouë
Des vains & des ambitieux,
Qui pensent escheller les Cieux ?
Lors que le Seigneur des batailles,
Attaque ou deffend des murailles,
Les foibles domptent les puissans,
Et les Nains vainquent les Geans,
Soubs luy les hommes obeissent,
Sous luy les elemens flechissent,
Il retient le cours du Soleil,
Il destourne vn sage Conseil,
Il glace de peur les armées,
Il les rend d’ardeur enflammées,
Il meut leurs corps, pousse leur bras,
Dresse leurs mains regle leurs pas,
Et par des detours inuisibles,
Conduit les ouurages sensibles.
Armand faisoit fleurir les Lys,
Quand Dieu perdoit nos ennemis,
Armand ne trouuoit point d’obstacles,
Quand Dieu nous faisoit des miracles :