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Mazarinade n° A_4_13

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Anonyme [1649], LE HEROS PARISIEN AVX VRAIS FRANCOIS , françaisRéférence RIM : M0_1627. Cote locale : A_4_13.

nous vanger de son imprudence : Et pour sauuer & nos
biens, & nostre honneur, & nostre renom, & nos
vies mesmes, nos enfans, & celles de nos femmes,
le tout que nous auons de plus cher au monde, nous
craindrons de nous mettre au simple danger de
mourir ; car vous voyez fort bien qu’il n’est pas mesme
en nostre possible de les en exempter de ce costé-là Desja
la pluspart qui n’ont plus sçeu resister à tant d’impositions
qu’on leur demande, ont laissé à l’abandon leurs
maisons, & se sont exilés de la cognoissance de leurs
amis, pour s’en aller à la mercy des temps incogneus auec
leurs familles. Imaginez-vous que peut deuenir alors vn
homme, qui se voit tout perdu : qui ne sçait quel chemin
il doibt tenir, & où il doibt tendre : de quel œil il peut
enuisager vne femme, & des enfans, qu’il n’a plus desormais
à soulager que de ses larmes : & s’il ne prefereroit
pas mille fois de mourir, s’il le pouuoit, pourueu qu’il
treuuast le moyen de les retirer de ce dernier comble de
leurs miseres. Hõmes, ie vous en prends à tesmoings i’en
sçay, & i’en cognoy : & si ie l’ose dire d’assez apparẽts, qui
ont bien esté contraints à de semblables choses, de vous
dire cõbiẽ de-ja il y en a eu, qui sont morts de faim parmy
le commun. Combien, qui se sont abandonnez au mal
par cette voye ! C’est vn spectacle si deplorable à vous
raconter, & si fort ennuieux à vous descrire, qu’il vous
suffira d’en iuger la verité dedans mon silence, les vns, &
vous l’auez peut-estre appris aussi bien que moy, ont esté
trouuez roides estendus sur le carreau apres auoir esté
des neuf iours entiers sans rien prendre, ceux-cy ont
cherché à se sustenter d’vn pain (chose pitoyable !) que
les chiens mesme n’auroient seulement pas voulu regarder,