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Mazarinade n° A_6_30

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Anonyme [1649], LE MANIFESTE POVR LA IVSTICE DES ARMES DES PRINCES ZELEZ POVR LE BIEN DE LA PAIX. , françaisRéférence RIM : M0_2399. Cote locale : A_6_30.


les peuples ne sont point contées pamy les bonnes
plantes, puis qu’elles ne raportent aucun fruict qui soit
bon pour la vie. En effet toutes les Prouinces sont
apauuries pour fournir au luxe de Paris, ou plutost de
quelques particuliers, l’on a fait des impositions &
des leuées sur toutes choses dont l’on s’est peu imaginer,
& ne reste plus, Sire à vos suiets que leurs ames lesquelles
si elles eussent esté venales il y a long temps
que l’on les auroit mises à l’ancan.
 
Ce gouuernement despotique & souuerain ne reçoit
point de bornes & n’est remperé d’aucune douceur.
Cela seroit bon parmy les cités barbares, &
parmy ces peuples eloignez & septtẽrionaux qui n’õt
que le visage d’hommes, mais dans la France qui a
tousiours esté le pays le mieux policé du monde, les
peuples ont tousiours fait estat d’y estre nez libres, &
d’y viure comme des veritables François. Cependant
ils sont traittez comme des esclaues & des forçats
qui prestãt le dos soubs le baton des Gomites de
galeres ; & l’oin d’attirer par leurs prieres les benedictions
du Ciel sur cét estat, il y en a beaucoup qui
maudissent dans le cœur ceux qu’ils sont obligez de
respecter à l’exterieur.
C’est à vous, MADAME, de penser à toutes
ces choses, & de faire reflexion sur toutes les miseres
du temps, lors que vous serez dans vostre Cabinet, &
dans vostre Oratoire, songez que pour l’entretien de
la guerre il y a tant & tant d’ames qui gemissent dans