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Mazarinade n° C_6_23

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Anonyme [1649], LE MIROIR A DEVX-VISAGES OPPOSEZ, L’VN LOVANT LE MINISTERE du fidele Ministre, l’autre condamnant la conduite du meschant & infidele vsurpateur, & ennemy du Prince & de son Estat. , françaisRéférence RIM : M0_2477. Cote locale : C_6_23.


iamais porté sceptre, si est-ce qu’il s’est souuent trouué
bien de la liberté & de la franchise de ces deux Conseillers :
comme il recogneut luy mesme apres leur mort, se
plaignant de n’auoir plus personne qui l’aduertist & luy remontrast
librement aux occasions comme ils faisoient.
C’est ce qu’en escrit Seneque au lieu 6. des biens-faicts, où
il parle du besoin que les Princes õt au milieu de leurs plus
grãdes prosperitez, d’vne personne qui leur dise la verité.
Il rapporte les parolles d’Auguste, lequel ayant relegué sa
sille Liuia apres auoir eu aduis de sa vie peu honeste &
honteuse, & recognoissant la faute qu’il auoit faite d’auoir
luy mesme publié vn mal domestique, qu’il deuoit plustost
enseuelir dans sa maison, s’escria, Que rien de tout cela ne fust
arriué, si Agrippa ou Mecenas eut encores vescu. Surquoy Seneque
donnant son iugement, ne craint point de dire, Que
pour cela il ne faut point croire qu’Agrippa ny Mecenas n’eussent
accoustumé de luy dire la verité : mais que l’humeur des Princes
est telle de blasmer les choses presentes, & loüer celles qui sont passées.
L’Histoire nous apprend auec quelle liberté Agrippa
conseilla à Auguste de quitter l’Empire, & rendre la pleine
/> liberté à la Republique ; & cõme Mecenas le reprenoit
courageusement, lors mesme qu’il le voyoit le plus porté à
faire quelque acte indigne de luy, tel que le bannissement
de sa fille, dont l’Histoire nous dõne vn exemple notable.
Elle raconte que ce grand Prince estãt vn iour en son lict
de Iustice, & sur le poinct de faire prononcer vn Arrest de
mort contre plusieurs persnnnes, Mecenas considerãt cette
action assez seuere, & ne pouuant approcher de luy, à
cause de la foule du peuple, il fut contraint d’escrire ces
trois mots dãs vn morceau de papier addressez à Auguste,
& les ietter dans son sein, Leue toy bourreau, & que les ayant
leus il se leua à l’instant, & quitta le trosne de Iustice.
 
L’Histoire de France nous sert icy de l’exemple d’vne
fidelité insigne d’vn Ministre ou Conseiller du Prince en
la personne de Philippes de Comines sieur d’Argentré
appellé aux plus grandes affaires du Royaume, sous les
Rois Louys XI. & Charles VIII. Cét excellent Ministre
estoit si Religieux à bien & fidelemẽt seruir son Prince &