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Mazarinade n° A_6_15

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Anonyme [1649], LE MIROIR A DEVX-VISAGES OPPOSEZ, L’VN LOVANT LE MINISTERE du fidele Ministre, l’autre condamnant la conduite du meschant & infidele vsurpateur, & ennemy du Prince & de son Estat. , françaisRéférence RIM : M0_2477. Cote locale : A_6_15.


l’Estat, qu’il eust mieux aymé mourir que d’estre noté
d’aucune marque de lacheté, ny de dissimulation aux affaires
ausquelles il estoit employé, & eust estimé estre crime
de deguiser au Prince les choses autrement qu’elles n’estoient,
& n’eut creu n’estre moins coupable de luy donner
des bons & necessaires Conseils, que de l’offenser en
sa personne, aux negotiations qu’il entreprenoit auec les
Princes & Estats Estrangers, pour les affaires du Roy son
Maistre, il disoit son aduis sur l’euenement qu’il en falloit
attendre, sans flatterie ny deguisement, ne voulant rien
relascher de ce qui regardoit l’honneur du Roy, le bien
de son seruice, & la reputatiõ de ses armes : non plus qu’aux
Conseils où il estoit appellé, lors principalement qu’il y
alloit d’entreprendre quelque guerre, en laquelle l’argent
qui en est le nerf est necessaire, si la necessité vouloit que
les leuées s’en fissent sur le peuple. Il estoit d’aduis que les
affaires vrgentes le permettant, on leueroit vne certaine
somme limitée, sans autre surcharge, laquelle le Roy
mesme ne pouuoit imposer sans octroy des trois Estats,
ainsi ce grand Ministre, mais amateur de la reputation de
son Maistre, trauailloit dauantage à entretenir l’amour du
Roy auec ses peuples, que de les luy rende mal affectionnez
par des surcharges extraordinaires.
 
Sous le commancement du regne de Charles Empereur
& Roy d’Espagne, & durant qu’il demeura en Flãdre,
il eut pour Ministre, & tres-fidelle Conseiller le sieur de
Cheuret, extraict d’vne Noble famille de Gand, & à cause
de ce, le Roy Charles qui auoit aussi pris naissance à
Gand, le prit en affection, & estant encores Ministre le
voulut auoir tousiours prés de luy, pour disposer, tant des
affaires qui regardoient sa personne, & sa Maison, que celles
de ses Royaumes & Estats. Sa conduite en son Ministere
fut telle, qu’au lieu que les autres Ministres veulent estre
seuls au Gouuernement, sans souffrir des compagnons, le
sieur de Cheuret au contraire employoit son credit à faire
obeyr ceux que le Roy emploit aux affaires, tant en Espagne
qu’ailleurs, & qu’ils y fussent maintenus, estimant que
le seruice du Roy y seroit mieux entretenu, que quand il