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Mazarinade n° A_6_15

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Anonyme [1649], LE MIROIR A DEVX-VISAGES OPPOSEZ, L’VN LOVANT LE MINISTERE du fidele Ministre, l’autre condamnant la conduite du meschant & infidele vsurpateur, & ennemy du Prince & de son Estat. , françaisRéférence RIM : M0_2477. Cote locale : A_6_15.


iamais porté sceptre si est-ce qu’il s’est souuent trouué
bien de la liberté & de la franchise de ces deux Conseillers :
comme il recogneut luy mesme apres leur mort, se
plaignant de n’auoir plus personne qui l’aduertist & luy remontrast
librement aux occasions comme ils faisoient.
C’est ce qu’en escrit Seneque au lieu 6. des bien-faicts, où
il parle du besoin que les Princes ont au milieu de leurs plus
grandes prosperitez, d’vne personne qui leur dise la verité,
Il rapporte les parolles d’Auguste, lequel ayant relegué sa
fille Liuia apres auoir eu aduis de sa vie peu honeste &
honteuse & recognoissant la faute qu’il auoit faite d’auoir
luy mesme publié vn mal domestique, qu’il deuoit plustost
enseuelir dans la maison, s’escria, Que rien de tout cela ne fust
arriué, si Agrippa ou Mecenas eut encores vescu. Sur quoy Seneque
donnant son iugement, ne craint point de dire, Que
pour cela il ne faut point croire qu’Agrippa ny Mecenas n’eussent
accoustumé de luy dire la verité : mais que l’humeur des Princes
est telle de blasmer les choses presentes, & louer celles qui sont passées.
L’Histoire nous apprend auec quelle liberté Agrippa
conseilla à Auguste de quitter l’Empire, & rendre la pleine
liberté à la Republique ; & comme Mecenas le reprenoit
courageusement, lors mesme qu’il le voyoit le plus porté à
faire quelque art indigne de luy, tel que le bannissement
de sa fille, dont l’Histoire nous dõne vn exemple notable.
Elle raconte que ce grand Prince estant vn iour en son lict
de Iustice, & sur le poinct de faire prononcer vn Arrest de
mort contre plusieurs personnes, Mecenas considerant cette
action assez seuere, & ne pouuant approcher de luy, à
cause de la foule du peuple, il fut contraint d’escrire ces
trois mots dans vn morceau de papier addressez à Auguste,
& ietter dans son sein, Leue toy bourreau, & que les ayant leus
se leua à l’instant, & quitta le trosne de Iustice,
 
L’Histoire de France nous sert icy de l’exemple d’vne
fidelité insigne d’vn Ministre ou Conseiller du Prince en
la personne de Philippes de Comines sieur d’Argentré
appellé aux plus grandes affaires du Royaume, sous les
Rois Louis XI. & Charles VIII. Cét excellent Ministre
estoit si Religieux à bien & fidelement seruir son Prince &