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Mazarinade n° B_20_10

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Anonyme [1652], LE MIROVER DE LA REYNE. Luy representant tous les desordres de sa Regence. ET LVY DONNANT D’INFAILLIBLES moyens pour les reparer. , françaisRéférence RIM : M0_2482. Cote locale : B_20_10.


de tous les Princes du Sang, & il n’y eut pas vn grand
du Royaume qui ne se vist soûmis aux volontez
de cét Estranger auquel il falloit obeïr ou vous déplaire
quelque dépit qu’ils en conçeussent tous,
il n’y en eut pas vn qui ne fléchit plûtost que d’encourir
vostre disgrace, & vous fistes en vn instant vôtre
Mazarin le plus absolu de tous les hommes pour soutenir
cette dignité ; les tresors du deffunct Roy vostre mary,
ne furent pas suffisans, non plus que les moyens qu’il
auoit laissez pour les entretenir, il fallut surcharger le
peuple de nouuelles impositions, & luy tirer iusqu’à la
la derniere goutte de ses sueurs & de son sang, dont il
ne luy restoit plus que des larmes qu’il estoit encore
contraint d’épancher à la veuë de ses miseres reduit à
cette extremité, il a fallu se seruir du fer & du feu pour
obliger leurs veines languissantes à verser encore quelques
gouttes qu’elles se conseruoient pour leur propre
nourriture, il a fallu enuoyer par les Prouinces des impitoyables
fusiliers, dont les extorsions inoüyes n’ont
pas laissé dequoy fournir à l’entretien d’vne vie languissante.
Voila l’estat des pauures Prouinces sous votre
Regence, dés-lors on jugea bien que la Monarchie
si fort affoiblie en tous ses membres ne se pouuoit presque
plus soûtenir, & qu’elle estoit menacée d’vne foiblesse
qui deuoit luy faire atteinte iusqu’au cœur, &
luy causer vn dangereux éuanoüissement.
 
Cette authorité Souueraine que vous auiez communiquée
à vostre Ministre, fut d’abord employée à la continuation
de la guerre pour se rendre comme il pensoit
fort necessaire, iusques-là qu’il fut bien si insolent que
d’en abuser à la rupture du Traitté de Paix auec nos ennemis
qui s’y estoient portés de bonne sorte. Ce malheureux
coup qui offensa toute l’Europe, fit vn tort irreparable
à la France, qui dans cette conjoncture reçeut
le blasme d’estre le flambeau fatal des diuisions de