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Mazarinade n° A_6_61

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Anonyme [1649], LE PARTISAN TENTÉ DV DESESPOIR PAR LE DEMON DE LA MALTAVTE, QVI LVY REPROCHE LES CRIMES de sa vie, & cause son repentir. DIALOGVE. , françaisRéférence RIM : M0_2722. Cote locale : A_6_61.


sont encor que les moindres de tes vices, d’auoir esté voleur, ambitieux,
& auare, & de t’estre gorgé de la substance, du labeur, & du sang du
peuple.
 
Le Partisan.
C’est toy, ministre de Satan, qui m’as fourny des aisles, qui as eschauffé
mon esprit à prendre vn si grand vol, & m’as fait produire tant d’inuentions
ruineuses à cet Estat : Enfin c’est en ton escole que i’ay perdu
l’innocence & la probité.
Le Demon.
Tu ne fis iamais cette perte ; mais ce n’est pas assez declarer tes crimes,
que de les auoüer en gros, il faut que ie t’en remette en memoire le
détail : cela seruira à ta Confession generale, si tu estois en estat de te resoudre
d’en faire vne en ta vie ; escoute donc. N’est ce pas toy, qui
comme vn autre Herode, mais pire encor, as enuoyé tes satelites armez
de fusils batre par tout la campagne, pour opprimer les innocens, qui
sous le pretexte de l’execution des Edits du Roy, où cette violence n’estoit
nullement comprise, as comme vn torrent tout desolé & deserté,
faisant pis que toutes les hostilitez de la guerre n’ont iamais fait : puis
que non content de la saisie des meubles, du bestial & des fruits de ces
pauures gens, tu as fait vendre leurs fonds, ostant la vie aux enfans de
la mamelle, & le pain aux autres ; en faisant mourir leurs meres de
frayeur, & leurs peres dans les prisons, non tant pour leurs debtes, que
pour seruir de caution à des insoluables, & ruinez desia par tes concussions.
Est-ce pas encore toy, qui as fait brouter l’herbe aux creatures
raisonnables ? Ouy c’est toy, & qui sans cette reuolution d’affaires,
ayant trouué de nouueaux moyens de cruauté pour fauoriser tes pilleries,
allois combler les Hospitaux, aussi bien que les prisons, en continuant
ton commerce inhumain.
Le Partisan.
Il est vray, voila tout ce que tu m’as suggeré, & ma coulpe de m’estre
attaché plustost par habitude que par inclination à ton negoce honteux.
Le Demon.
Comment, magazin de tous vices, penses-tu t’excuser en m’accusant ?
Suis-ie cause de toutes tes profusions, si ce n’est à raison de ton abondance ?
Est-ce moy qui t’ay sollicité d’auoir des carosses, apres les auoir
suiui autresfois, d’auoir tant de valets, des Palais à la ville, des Maisons
de plaisance aux champs, bastis & accompagnéz si superbement,
que la despense en faisoit horreur, & où les meubles somptueux & plus
magnifiques que le luxe curieux peut rechercher, faisoit souspirer chacun
de leur excez, se ressouuenant de la misere publique, & de voir vne
ambition si desordonnée.
Le Partisan.
Pourquoy ce reproche, Monstre infernal ? M’estoit il defendu de paroistre
selon ma condition, & de contenter vne passion si noble ?