[retour à un affichage normal]

Accueil > recherche > Affichage d'une occurrence en contexte

Mazarinade n° A_6_61

Image de la page

Anonyme [1649], LE PARTISAN TENTÉ DV DESESPOIR PAR LE DEMON DE LA MALTAVTE, QVI LVY REPROCHE LES CRIMES de sa vie, & cause son repentir. DIALOGVE. , françaisRéférence RIM : M0_2722. Cote locale : A_6_61.


que l’on appelle de son nom le Pont-Alais ; Ce fut vne marque de son
repentir pour auoir mis l’impost d’vn denier sur quelque denrée à Paris,
Regarde où tu es en comparaison.
 
Le Partisan.
Il est vray que mes pechez sont en grand nombre, mais ils ne sont
pas infinis comme la misericorde de Dieu, c’est pourquoy il y a lieu d’y
esperer.
Le Demon.
Point du tout, car auec ta coulpe, tu porteras encore celle que tu as
causée par ta suggestion & mauuais exemple : car toutes les personnes
pecunieuses tentées du gain de ton monopole, se sont disposees de se
mettre dans les partis, & les autres dans cet employ de leur argent, que
l’on appelle discretement, les prests, mais qui est toutesfois vne vsure
trop descouuerte.
Le Partisan.
Vraiment il faloit bien que l’on nous aidast, n’estans pas assez forts
pour fournir tous seuls à de si grosses auances, à quoy nous nous obligiõs
par nos traittez, bien que nous fussions encor assistez d’ailleurs des
plus grosses testes du Conseil, sous le nom de personnes empruntées.
Le Demon.
Ainsi la fin couronne l’œuure : car beaucoup de vous autres, pour
n’auoir pas bien pris leurs mesures, se sont trouuez courts & obligez de
faire banqueroute, & ont mis à part ce qu’ils ont peu ; de sorte qu’il n’y
a rien esté du leur ; & le dommage est tombé sur les pauures prestans,
dont les deniers ont serui à la derniere main des Traittãs, qui en peuuent
viure à leur aise, l’ayant asseuré sous le nom de leurs confidens. Enfin
tous ceux qui ont mis leur argent entre vos mains, sous cette qualité de
prest, se treuuent maintenant arrestez dans cette mauuaise conioncture
d’affaires, & courent fortune de demeurer confondus dans la restitution,
que la Cour de Parlement vous oblige de faire, de l’argent du Roy
volé, auec la confidence de vostre Ministre, cependant que ces pauures
gens demeurans desargentez, comme de vieux calices de village, pour
comble de malheur, ne sont plaints de personne en leur affliction, si ce
n’est de leurs heritiers, tout le monde sçachant que leurs deniers estoient
employez à vn si mauuais vsage que ces prests vsuraires : & voila comme
il fait bon suiure vostre cabale ruineuse à l’honneur, aux biens, & à
lame.
Le Partisan.
Mais à quoy te sert de nous poursuiure de la sorte ?
Le Demon.
C’est pour me payer, s’il se peut, par mes mains, des interests du plaisir
que ie vous ay fait, me ioüer de vous à mon tour, vous perdre tous en
quittant la partie, & puis me retirer, c’est mon ordre.