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Mazarinade n° A_6_61

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Anonyme [1649], LE PARTISAN TENTÉ DV DESESPOIR PAR LE DEMON DE LA MALTAVTE, QVI LVY REPROCHE LES CRIMES de sa vie, & cause son repentir. DIALOGVE. , françaisRéférence RIM : M0_2722. Cote locale : A_6_61.


puissans arbitres de nos biens & de nos vies, ces iustes protecteurs des
innocens sont eux mesmes protegez du ciel & de la terre.
 
Le Partisan.
Mais d’où vient cette voix plaintiue, qui seconde & compatit si bien
à mes peines, me parlant auec tant de douceur ? Ie ne voy, ce me semble,
personne icy de visible, Qui estes-vous ?
Le Demon.
Ie suis le Genie de la Maltaute, autrefois aussi puissant qu’aimé : ie
suis ton meilleur ami, ton guide & l’architecte de ta fortune, ie voudrois
bien estre aussi ta consolation : mais par malheur ie ne le puis, la Iustice
du Ciel ayant prononcé nostre Arrest pour le faire executer sur la terre.
Le Partisan.
Mais tout de bon es-tu cet esprit, qui nous as animez & conduits iusques
icy ?
Le Demon.
Ouy, ie le suis, & voudrois bien le pouuoir estre tousiours, s’il estoit
possible.
Le Partisan.
Ha ! cher autheur & confidant de nos monopoles, que tu viens à propos
pour me conseiller en cette confusion & mauuais rencontre d’affaires.
Tes inuentions iusques icy ont esté le salut & la prosperité de nos
biens, il faut qu’elles le soient maintenant de nos vies.
Le Demon.
Helas! quel conseil pouuez vous attendre de moy dans ce trouble,
estant ébranlé d’vne si rude secousse, que ie ne subsiste plus que dans la
haine publique. Il est vray que ie n’eusse iamais creu voir vn tel changement,
& que mon establissement & vos fortunes si solides en apparence,
fussent suiets à la vicissitude du temps. I’auois pris, ce me semble,
d’assez profondes racines, & les fondemens de nostre regne monopoliste,
paroissoient bien establis, les plus puissans Ministres de l’Estat
ayant tousiours trauaillé à le maintenir, plus pour leur interest que pour
le nostre, depuis le regne du feu Roy iusques à present. Voyez, ie vous
prie, quel malheur !
Le Partisan.
A la verité cela est fascheux de nous voir attaquez à l’impourueu, &
mesme d’vn ennemi que nous auons veu opprimé à nostre consideration,
& presque sur le point de succomber sans le secours de ce monstre à tant
de testes : pour moy, ie vous aduouë que mon esprit s’égare en cette
conioncture.
Le Demon.
Mais ce n’est pas le tout : car auec le dommage, ie voy encore la honte
qui nous opprime, chacun estant maintenant instruit de nostre infame