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Mazarinade n° E_1_70

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Anonyme [1649], LE PARTISAN TENTÉ DV DESESPOIR PAR LE DEMON DE LA MALTAVTE, QVI LVY REPROCHE LES CRIMES, de sa vie, & cause son repentir. DIALOGVE. , françaisRéférence RIM : M0_2722. Cote locale : E_1_70.


sont encor que les moindres de tes vices, d’auoir esté voleur, ambitieux,
& auare, & de t’estre gorgé de la substance, du labeur, & du sang du
peuple.
 
Le Partisan.
C’est toy, ministre de Satan, qui m’as fourny des aisles, qui as eschauffé
mon esprit à prendre vn si grand vol, & m’as fait produire tant d’inuentions
ruineuses à cét Estat : Enfin c’est en ton escole que i’ay perdu l’innocence
& la probité.
Le Demon.
Tu ne fis iamais cette perte : mais ce n’est pas assez declarer tes crimes,
que de les auoüer en gros il faut que ie t’en remette en memoire le détail :
cela seruira à ta Confession generale, si tu estois en estat de te resoudre
d’en faire vne en ta vie ; escoute donc. N’est-ce pas toy, qui comme vn
autre Herode, mais pire encor, as enuoyé tes satelites armez de fusils batre
par tout la campagne, pour opprimer les innocens, qui sous le pretexte
de l’execution des Edits du Roy, où cette violence n’estoit nullement
comprise, as comme vn torrent tout desolé & deserté, faisant pis que toutes
les hostilitez de la guerre n’ont iamais fait : puis que non content de
la saisie des meubles, du bestial & des fruits de ces pauures gens, tu as
fait vendre leurs fonds, ostant la vie aux enfans de la mamelle, & le pain
aux autres ; non tant pour leurs debtes, que pour seruir de caution à des
insoluables, & ruinez desia par tes concussions, Est-ce pas encore toy, qui
as fait brouter l’herbe aux creatures raisonnables ? Oüy c’est toy, & qui
sans cette reuolution d’affaires, ayant trouué de nouueaux moyens de
cruauté pour fauoriser tes pilleries, allois combler les Hospitaux, aussi
bien que les prisons, en continuant ton commerce inhumain.
Le Partisan.
Il est vray, voila tout ce que tu m’as suggeré, & ma coulpe de m’estre
attaché plustost par habitude que par inclination à ton negoce honteux.
Le Demon.
Comment, magazin de tous vices, penses-tu t’excuser en m’accusant ?
Suis-ie cause de toutes tes profusions, si ce n’est à raison de ton abondance ?
Est-ce moy qui t’ay sollicité d’auoir des carosses, apres les auoir suiui
autrefois, d’auoir tant de valets, des Palais à la ville, des Maisons de
plaisance aux champs, bastis & accompagnez si superbement, que la despense
en faisoit horreur, & où les meubles somptueux & plus magnifiques
que le luxe curieux peut rechercher, faisoit souspirer chacun de leur
excez, se ressouuenant de la misere publique, & de voir vne ambition si
desordonnée.
Le Partisan.
Pourquoy ce reproche, Monstre infernal ? M’estoit-il defendu de paroistre
selon ma condition, & de contenter vne passion si noble ?