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Mazarinade n° E_1_70

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Anonyme [1649], LE PARTISAN TENTÉ DV DESESPOIR PAR LE DEMON DE LA MALTAVTE, QVI LVY REPROCHE LES CRIMES, de sa vie, & cause son repentir. DIALOGVE. , françaisRéférence RIM : M0_2722. Cote locale : E_1_70.



Le Partisan.
Que m’importe, ie n’en verray rien, mais i’ay des filles bien mariées,
dont l’aliance sera peut-estre mon salut & mon appuy.
Le Demon.
C’est dequoy ie doute fort, mais non pas qu’elles ne soient auec leur
infame dot le malheur de tes gendres, pour auoir par motifs d’auarice
mis cette corruption en leur maison : Et pour ton appuy : tu es bien loin
de ton compte, car il n’y a pas vn d’eux, qui ne te voulust pendre luy-mesme.
à la charge d’auoir ta confiscation.
Le Partisan.
Ha malin esprit, que te sert de me remettre tousiours en la pensée cette
image funeste de mon chastiment ? Tay toy.
Le Demon.
Ie n’en feray rien, ingrat, car i’ay encore d’autres choses à dire contre
toy, & veux estre vne Furie implacable, qui te suiura par tout iusques
à ce que ie t’aye mis es mains de tes iuges, & des leurs en celles du bourreau,
si toutesfois tu ne preuiens cette mort par vne autre plus courte &
precipitée.
Le Partisan.
Mais tu periras aussi ?
Le Demon
Ie le croy, mais ie ne m’en soucie gueres, car ie reuiendray peut-estre
en vn autre temps, quand les pechez des hommes m’attireront des
Enfers d’où ie suis venu sur la terre. Ie pretens bien en m’y retirant de t’y
conduire : mais pour toy tu n’en bougeras.
Le Partisan.
Ho ho, tu te declares à ce coup, mais vne crainte mortelle se saisit de
mon cœur, Est il possible que i’aye esté si long-temps obsedé d’vn tel
Demon, & que i’aye aimé ce que ie crains tant à cette heure, Helas ; vn
repentir salutaire, mais il m’est autant possible de l’auoir, comme de restituer
à chacun ce que i’ay pris.
Le Demon.
Tu dis vray ie n’y voy point d’apparence, pour estre trop endurcy en
ton peché, marque certaine de l’abandon que Dieu a fait de toy à sa iustice
prochaine.
Le Partisan.
Bien que tu respondes à ma pensée, tu ne sçais pas celle de Dieu, qui
me fera s’il luy plaist misericorde.
Le Demon.
O que tu es bien esloigné d’y pretendre ! Tu en as trop fait & n’en dois
pas esperer si bonne composition, que celuy qui se fit enterrer sous ceste
pierre, qui sert au passage du ruisseau deuant l’horologe Saint Eustache,