D. L. N. P. [signé] [[s. d.]], DEVXIESME LETTRE D’VN ECCLESIASTIQVE A VN EVESQVE. Contenant la Confession de Foy du Pere Des-Mares, auec la response du Pere Dom Pierre de S. Ioseph, Fueillant. , françaisRéférence RIM : Mx. Cote locale : B_10_33.
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que c’est vne presomption trop grande, de se
mesler de parler d’vne chose qu’on n’entend pas, &
dont on ne sçauroit rendre raison.

 

En cinquiesme lieu, le Pere Fueillant ayant voulu
sçauoir de luy, s’il croit que la grace efficace
nous necessité en nos actions, il repond, que si par
le mot de necessité, il entend vne necessité proprement
dite, indépendante de la volonté, par laquelle,
soit qu’on vueille vne chose, soit qu’on ne la
vueille pas, elle ne laisse pas d’estre, iamais la grace
ne necessite personne. Mais pourroit-on rien
voir de plus puerile, ny de plus ridicule que cette
réponse ? Le Pere de S. Ioseph demande si la grace
nous fait vouloir, & nous fait agir par necessité, &
on luy répond que non, s’il entend parler d’vne
necessité qui fasse vouloir, soit qu’on vueille, ou
qu’on ne vueille pas. Comme s’il estoit possible
de vouloir, quoy qu’on ne vueille pas, c’est à dire,
de vouloir, & de ne pas vouloir tort ensemble, ce
qui est contradictoire.

Il respond encore que si par la necessite, il entend
seulement vne ferme & immuable adherance
de la volonté au bien, par la force de l’amour qui
l’y attache, & par la suauité qu’elle y rencontre, la
grace en ce sens nous necessite. Mais voila encore
de l’obscurité, & de l’equiuoque, puis qu’il nous
reste à sçauoir, si cette adherance au bien est si ferme
& si immuable, qu’il ne soit pas en nostre pouuoir
de la rompre ; & pour parler plus nettement,



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