Anonyme [1652 [?]], FABLE DV LION, DV LOVP ET DE L’ASNE. , françaisRéférence RIM : M0_1358. Cote locale : B_8_8.
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Si on appelle brigands, volleurs & guesteurs de chemins,
ceux qui sous ombre & couleur de gagner ou chercher à
viure, attaquent les passans, les pillent, les destrouissent
& les tuent, comment nommerons nous cettuy-cy,
qui sans crainte ny respect, s’est addressé de rage & de fureur
non à quelqu’vn de sa connoissance simplement,
mais à son propre Maistre & Seigneur ? son procedé monstre
assez ouuertement le mauuais dessein qu’il auoit,
quoy ? vn peu de Paille qu’il voit sortir des soulliers de son
maistre, il la mange à belles dent ? hé que fut-il arriué,
s’il luy eust mordu le pied, en apres mangé le gras des
iambes & les cuisses, il eust enfin incontinent deuoré son
maistre tout entier.

 

Le Lion par vn branslement de teste, approuuant le
dire du Loup, n’eut pas si tost iugé l’Asne digne de mort
que le voila mis en pieces & deschiré en mille & mille
morceaux.

Ainsi arriue-t’il bien souuent que l’Innocente Populace
paye aux despens de sa vie les petites fautes qu’elle fait,
tandis que les Grands ferme les yeux à leurs miseres, entretiennent
à leurs despens leurs factions & secrettes intelligences,
pour pescher plus hautement auec toute sorte
d’impunité.

Ex latmitate Ioannis Gastij Brisacensis. Tom. 1.
Sermon. Conuinalim. fol. 158. Et sequenti.

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Anonyme [1652 [?]], FABLE DV LION, DV LOVP ET DE L’ASNE. , françaisRéférence RIM : M0_1358. Cote locale : B_8_8.