L’ANATOMIE DE LA POLITIQVE DV COADIVTEVR FAITE PAR LE VRAYSEMBLABLE SVR LA CONDVITE DV CARDINAL DE RETS, où son Autheur donne à connoistre, I. Que ce Cardinal n’est innocent, que parce qu’il soustient que ses crimes sont plus cachez que ceux des autres. II. Que ce Prelat n’est Religieux, que parce qu’il a l’adresse de se déguiser souz le voile de l’hypocrise. III. Et que sa conduite est Pharisienne, c’est-à-dire, apparemment innocente, en effet coupable. Les Vray-semblances du Vray-semblable sont en suite comatuës l’vne apres l’autre, par des euidences qui iustifient tous les bruits qui ont couru contre le Cardinal de Rets.

Auteur
Dubosc-Montandré, Claude [?]
Éditeur
[s. n.]
Date d'édition
1652 [?]
Lieu d'édtion
[s. l.]
Langue
français
Nombre de pages
32
Référence Moreau
M0_83
Cote locale
B_10_23
Note
Dernière modification
2019-06-20 09:08:55
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Commentaires

Commentaire de : Patrick Rebollar, créé le 2013-01-30 16:10:35.
Notice Moreau : Bonne réponse au "Vraisemblable sur la conduite de monseigneur le cardinal de Retz" [M0_4081]. Cette pièce est de Dubosc Montandré. Elle appartient à la polémique engagée entre le prince de Condé et le coadjuteur pendant la retraite à laquelle celui-ci crut devoir se condamner après sa promotion au cardinalat. En voici un passage très-curieux : « Faut-il connaître tous les déguisements que ce cardinal a pris pour se rendre méconnaissable lorsqu'il intriguait avec ceux de sa faction, tantôt avec de grandes moustaches noires à l'espagnole, appliquées adroitement sur ses joues avec des manteaux d'écarlate et des grègues rouges de même couleur ; tantôt à la cavalière avec de grands buffles, avec des caudebecs furieusement retroussés à la mauvaise, et de petites brettes traînantes, soutenues de ces beaux baudriers de quinze ou vingt pistoles qui lui couvraient presque tout le corps ?... Faut-il qu'on ait tenu compte de toutes les maisons bourgeoises que le cardinal de Retz a honorées de ses visites pour haranguer les pères de famille et les engager au parti qu'il brassait au préjudice de notre repos ? Faut-il qu'on n'ait pas ignoré un seul festin de tous ceux qu'il a fait faire pour y traiter, de sa part, les bons bourgeois qu'il voulait gagner ? »
Commentaire de : Patrick Rebollar, créé le 2014-04-20 09:50:51.
Notice de Colin Jones : Ce pamphlet est de Dubosc-Montandré, grand amateur de titres prolixes. Cet auteur - à qui aucune étude particulière n'a été consacrée à notre connaissance, et sur qui même des détails biographiques sont difficiles à trouver - est intéressant à plusieurs égards [note : Voir la notice sur Dubosc-Montandré dans la "Bibliographie des Mazarinades" de Moreau, I, p. 27-32. Pour son penchant pour les titres longs, voir, par exemple, "Le Flambeau d'Etat" ("Bibliographie", I, p. 406-407) - presque deux cents mots !]. Premièrement, il est le pamphlétaire le plus fécond de la Fronde : il s'attribua lui-même, selon Moreau, 34 mazarinades, mais il est vraisemblable qu'il fut responsable pour d'autres encore. Deuxièmement, il s'avéra un écrivain doué en tous genres. Il sut être direct, même cru ; mais il fut aussi un érudit, et pouvait citer la Bible, les pères de l'Eglise, les poètes de l'Antiquité, les annalistes, etc. De même, il fut libertin, mais il sut se présenter en dévot, s'il en était besoin. Troisièmement, Dubosc-Montandré fut un des auteurs les plus radicaux du temps de la Fronde. Farouchement anti-absolutiste, il prononçait des idées même anti-monarchiques et démocratiques. Moreau - qui cite d'un de ses pamphlets la boutade selon laquelle "les grands ne sont grands que parce que nous les portons sur nos épaules ; nous n'avons qu'à les secouer pour en joncher la terre" - conclut narquoisement que Dubosc-Montandré "voulait que le peuple fût souverain tout juste assez pour pouvoir donner la couronne au prince de Condé". Quoi qu'il en soit, il fut un auteur sur qui le parti des Princes pouvait toujours compter."L'Anatomie de la politique" le montre comme un écrivain vigoureux, avec une grande facilité à s'exprimer et avec un goût pour les images frappantes. Bravant l'atmosphère terroriste de Paris soulevé par le parti des Princes, Retz sortit une nouvelle série de pamphlets en automne 1652. Tout en s'attaquant à la conduite de Condé, Retz se posait comme le défenseur des intérêts de Paris et comme l'adversaire le plus consistant de Mazarin. Dans la nouvelle polémique, les deux partis faisaient grand cas de la divergence qu'ils crurent apercevoir entre les actions et les paroles de leurs adversaires. Ce trait se remarque surtout dans les deux pamphlets de Retz intitulés "Le Vrai et le faux de M. le Prince et de M. le Coadjuteur", et le "Vraisemblable sur la conduite de monseigneur le Cardinal de Retz". [...] Ce dernier pamphlet, qui parut, semble-t-il, en août 1652, fut l'occasion de "L'Anatomie de la politique". Le pamphlet de Dubosc-Montandré se présente essentiellement comme une réfutation suivie du "Vraisemblable" : de là, par exemple, ce long - et assez spécieux - préambule sur le thème de la vraisemblance (ou de la "vraie - semblance"). De loin la partie la plus attrayante et la plus vivante de la pièce est la description divertissante de la conduite de Retz comme conspirateur. Dubosc-Montandré se charge de raconter ce que chaque crocheteur de Paris saurait de la vie "secrète" de Retz. Soyons certains que le dévoilement de ces équipées rocambolesques était destiné autant à tourner Retz en ridicule qu'à mettre en relief son hypocrisie. De plus, Dubosc-Montandré le stigmatise pour ses manœuvres crypto-mazarines. Encore une fois, Retz est présenté comme l'obstacle principal à la conclusion d'une paix - ainsi qu'à l'éloignement définitif de Mazarin. (dans "Contre Retz : sept pamphlets du temps de la Fronde / Textes choisis et présentés par Colin Jones", University of Exeter, 1982, p. XXVII-XXIX)

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