LE QV’ASTV-VEV de la Cour. Ou les contre veritez.

Auteur
Anonyme
Éditeur
[s. n.]
Date d'édition
1649 [?]
Lieu d'édtion
[s. l.]
Langue
français
Nombre de pages
7
Référence Moreau
M0_2941
Cote locale
A_7_11
Note
Dernière modification
2013-10-20 10:17:39
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Commentaires

Commentaire de : Patrick Rebollar, créé le 2013-10-20 10:17:39.
Notice Moreau : Pièce curieuse et peu commune ; imitée du "Qu’as-tu vu de la Cour", imprimé en 1617 ou 1618 et réimprimé dans le "Recueil des pièces les plus curieuses qui ont été faites pendant le règne du Connétable M. de Luynes". 1625, in-8°. « ... J’ai vu le Roy qui n’aimoit plus la chasse, qui ne s’ennuyoit point d’être à Saint-Germain et qui avoir une affection désordonnée pour M. le cardinal... J’ay vu la Reyne qui haïssoit à mort M. le cardinal, qui aimoit d’un amour maternel les Parisiens, qui oublioit tout ce qui s’étoit passé, qui vouloit retourner à Paris pour y faire ses dévotions à Notre-Dame, et faire pendre tous les partisans. J’ay vu le petit M. le duc d’Anjou qui n’aimoit point Paris et qui sollicitoit le Roy à rester toujours à Saint-Germain, qui caressoit M. le cardinal et qui n’estoit plus d’humeur joviale, comme il avoit accoustumé, pour le desplaisir qu’il avoit de voir qu’on vouloit bientôt retourner à Paris. J’ay vu M. le duc d’Orléans, ferme dans ses résolutions, haïr Paris, mépriser l’abbé de La Rivière, pour escouter favorablement Mme sa femme et Mlle sa fille, et vouloir aller terrasser tout seul toute l’armée parisienne. J’ai vu Madame n’aimer plus à prier Dieu, aimer l’abbé de La Rivière, haïr les Parisiens et demander leur perte et la destruction de leur ville, surtout du palais d’Orléans. J’ay vu Mademoiselle sans ressentiment, voir agir tout le monde sans rien dire, ne plus parler à personne, solliciter M. son père à conserver l’abbé de La R. qu’elle considéroit comme très-affectionné pour son service, et à ruiner entièrement tout Paris. J’ay vu Mme la princesse douairière ne plus vouloir prester de l’argent à personne, et celui qu’elle avoit reçu pour le Roy afin d’entretenir l’armée de M. son fils, que j’ay vu, fort dévôt, se souvenir des bonnes leçons des pères jésuites, ne plus laisser agir sa colère, ne plus jurer Dieu, devenir muet, oublier tout ce qui s’est passé, avoir de l’affection pour les Parisiens, ramener son armée en Flandre et envoyer à tous les diables le cardinal et ses partisans. J’ay vu Mme sa femme n’estre plus joyeuse d’estre mère et n’avoir plus de complaisance pour la reyne. J’ay vu M. le comte d’Harcourt fort aise d’aller combattre les troupes de M. de Longueville, et ne respirer hautement que la ruine de toute la France. J’ay vu le duc de Mercœur impatient, extrêmement courageux, blasmer M. son frère d’indiscrétion et de peu de courage et vouloir aller combattre toute son armée. J’ay vu M. de Metz n’aimer plus la peinture et la chasse, se défaire de tous ses tableaux et de tous ses chiens, n’aimer plus à faire la desbauche et vouloir mener une vie très-retirée. J'ay vu le vieux M. d'Angoulesme, venu de Grosbois, demander à genoux une charge sous M. le Prince et respirer la perte de tout le royaume. J’ay vu Mme de Guyse employer tous les moyens qu'elle juge estre nécessaires pour sortir de prison M. le duc son fils et pour le marier avec Mlle de Pont. J'ay vu Mrs ses autres fils n'avoir aucun ressentiment de ce qu'on avoit fait à Meudon et louer toute l'entreprise de la guerre. J'ay vu M. de Nemours en dessein de venir quérir Mme sa femme durant les suspensions d'armes et vouloir emmener le Roy à Lyon, pour les bons offices que les Lyonnois rendirent à M. son père. J’ay vu Mme de Senecey blasmer les Jésuites de flatterie, n'en plus vouloir ouyr parler et prendre contr'eux le parti des jansénistes. J'ay vu Mme sa fille ne le porter plus haut, mespriser le tabouret que la Reine lui avoit donné, et faire oster de dessus son carrosse la couronne de prince. J'ay vu M. le duc d'Uzès, l'épée au poing, offrir ses services à M. le Prince pour commander dans son armée. J'ay vu Mme de Laroche-Guyon vouloir suivre amiablement les avis de M. son beau-père et de Mme sa belle-mère, et vouloir finir ses jours dans un paisible veuvage. J'ay vu M. le cardinal, oubliant la maxime de son pays, oublier tout, accuser M. le Prince de trop de violence, M. le duc d'Orléans de trop de douceur, lui-même de trop de crédulité, vouloir venir resjouir les Parisiens de sa vue et leur faire amende honorable de tout le tort qu'il leur a fait. J'ay vu l'abbé de La Rivière changer de poil et de façon, n'avoir plus dessein de vendre son maître, mespriser les présents du cardinal, n'avoir point d'ambition pour un chapeau rouge et vouloir retourner dans Paris, pour reconnoître la bassesse de sa naissance et demeurer avec sa mère dans la rue de Saint-Honoré. J'ay vu Mr l'évêque d'Alby, abbé de Beaumont , se vouloir défaire de tous ses bénéfices pour conserver Alby, et donner de très-bons préceptes au Roy ; comme le généreux maréchal de Villeroy n'a autre dessein que de ramener le Roy à Paris et de ne plus laisser passer à Lyon aucuns justes qui iroient en Italie. J'ay vu le maréchal de Schomberg jurer hautement la ruine de tout le royaume et son désordre. J'ay vu le maréchal de Lhopital persuader à la Reyne qu'elle ne doit plus respirer que la vengeance. J'ay vu le maréchal de Rantzau se déclarer coupable du crime qu'on lui impute, et en attendre la punition avec impatience. J'ay vu le maréchal de La Meilleraye n'estre plus affligé de la goutte, ne plus jurer Dieu, n'estre plus impatient, demander pardon à Dieu de toutes ses offenses et vouloir marier son fils avec une des nièces du cardinal. J'ay vu le maréchal de Grammont, téméraire au dernier point, se repentir d'avoir fait ouvrir les passages pour laisser venir les vivres à Paris. J’ay vu M. le chancelier ne plus vouloir signer aucunes lettres de noblesse, renoncer à tous les partis, surtout à celui des boues, et conseiller à la Reyne le prompt retour de Leurs Majestés dans Paris. J’ay vu MM. de Guénégaud et Le Tellier ne plus vouloir rien signer ni pour le conseil ni pour la guerre ; et M. de Guénégaud, se ressouvenant de la naissance de son père, faire cas de tous les laquais. J'ay vu le commandeur de Jars ne point désavouer la familiarité qu'il a eue avec M. d'Émery. J'ay vu MM. de Senneterre, Tubeuf et Bautru disgraciés pour n'avoir pas assez protégé M. le cardinal, et pour avoir conseillé l'extinction du prest, duquel j'ay vu les sieurs Bonneau, La Raillère et Catelan ne plus se soucier, en demandant eux-mêmes la suppression. Enfin j'ay vu les filles de la reyne n'aimer plus à parler à personne, bannir les mouches et les affiquets ; et les gens de guerre ne plus voler, brusler ni violer, vu la défense qu'on leur en a faite. »

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