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Mazarinade n° A_2_50

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Anonyme [1649], DIALOGVE DE ROME ET DE PARIS. Au sujet de Mazarin. , françaisRéférence RIM : M0_1083. Cote locale : A_2_50.


qu’on iette sur elles, mais si l’on s’arreste vn peu longtemps
à les regarder, on trouuera quelque defaut, ou
dans leur visages, ou dãs quelque autre partie du corps.
De mesme en est-il de ceux que les Rois esleuent, car
s’ils ont des perfections pour se bien acquitter de leurs
charges, il se rencontrera pour l’ordinaire, qu’ayant
beaucoup de choses à executer, ils ne se trouuent pas si
propres aux vnes qu’aux autres. Et comme à beaucoup
parler, on ne peut si bien faire, qu’on ne manque
quelquefois à bien dire, tout de mesme à faire beaucoup
de choses qui sont d’vne diuerse nature, il est
difficile de ne pas broncher. Le Cardinal de Richelieu
a tousiours paru comme vn sage Ministre d’Estat,
mais pensez-vous qu’il luy ait esté possible de
s’exempter de la mesdisance du costé du peuple, ou
qu’il n’ait eu dans sa propre personne, quelques defauts,
ou bien qu’il ne pouuoit corriger, ou qu’il se
trouuoit comme obligé de les suiure. Le respect des
lieux, des temps, ou des personnes à qui nous auons à
faire, nous obligent souuent à faire des actions, que
nous ne ferions pas autrement. Puis il faut auoüer
qu’il est extrémement difficile de plaire à tout le monde
dans vn grand Royaume, car les interests bien-souuent
nous font paroistre, vne chose bonne & loüable,
qu’vn autre ne doutera point de blasmer, parce
qu’elle luy apporte quelque perte ou quelque dommage.
Ainsi ceux qui sont exposez dans les dignitez
plaisent aux vns, & sont desagreables aux autres. Voilà
pourquoy le Cardinal n’a pû se garentir de la mesdisance.