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Mazarinade n° B_14_11

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Anonyme [1652], LE RAISONNABLE PLAINTIF, SVR LA DERNIERE DECLARATION DV ROY. , français, latinRéférence RIM : M0_2969. Cote locale : B_14_11.


s’en fait par le sort des armes selõ la volõté de Dieu,
qui est le souuerain du Roy & du peuple, & le dernier Iuge
d’appel. On demandera, & on trouuera estrange,
comment il se fait que ce qui est rebellion, & desobeyssance
à vn particulier, quand il est entrepris par tout vn
peuple, deuient vne guerre legitime, veu que le plus ou
le moins, selon la Philosophie, ne change pas la substance.
Il faut respondre que cette maxime est vraye aux
choses physiques, mais elle reçoit explication aux Morales
& Politiques. Et premierement toute desobeyssance
n’est pas rebellion. Si le Prince ou son Ministre
ordonne quelque chose qui soit contre la loy de Dieu :
le refus d’y obeyr n’est ny rebellion, ny crime : au contraire
ce seroit vn crime que d’y obeyr. Sperne potestatem,
timendo potestatem, dit sainct Augustin : C’est à dire, Tu
peux impunément, voire mesme tu dois mespriser le
commandement de la puissance humaine pour satisfaire
à celuy du Tout-puissant. Secondement, si le Prince te
fait vn tel commandement qui de soy n’est pas contre la
loy de Dieu, mais neantmoins il est iniuste, parce qu’il
est excessif : en ce cas-là c’est le Prince qui peche, parce
qu’il agit contre la loy de Dieu, qui l’oblige à faire iustice :
mais toy en l’executant tu n’offenses pas ; au contraire
tu en fais exercice de patience : Or cette patience est
loüable, & la resistance que tu ferois au contraire, seroit
inutile, seroit de mauuais exemple, & te seroit preiudiciable.
En ce cas là il faut que tu obeïsses : & le Magistrat
qui agit sous l’authorité du Prince, t’y peut contraindre
par amendes, par peines & emprisonnemens. Et
quoy que l’imposition soit excessiue & iniuste en soy,
neantmoins par relation au repos public que tu ne dois
pas troubler par tõ impatiẽce, il est iuste que tu subisses.
Mais si la charge & la coruée est vniuersellement imposée
sur tous les habitans du païs, & que ne la pouuans
plus supporter, ils se resoluent de la refuser, & qu’en vengeance
de ce refus on procede contr’eux par outrages &
guerre declarée, qu’on les affame, qu’on les massacre,