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Mazarinade n° E_1_78

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Anonyme [1649], LE ROMAN DES ESPRITS REVENVS A S. GERMAIN. Burlesque & serieux. Et le QV’AS-TV VEV DE LA COVR, Ou LES CONTRE-VERITEZ. Sur l’imprimé à PARIS. , françaisRéférence RIM : M0_3559. Cote locale : E_1_78.


LE QV’ASTV-VEV
DE LA COVR
Ou les contre veritez.

Lassé des fatigués d’vne ennuyeuse guerre, & d’vn long siege,
ie sortis l’autre iour hors de la ville pour m’aller promener iusques
aux Bons hommes, & là diuertir ma melancholie, & me resioüir
sur l’esperance du retour du beau temps. Comme les chemins
estoient en quelque façon libres, & qu’on laissoit sortir hors les
portes qui vouloit, & entrer de mesme, ie creus que peut estre en me
promenãt ie pourrois faire rencontre de quelqu’vn de mes amis qui
viendroit de S. Germain, comme la pluspart ont suiuy la Cour, y estans
obligez ou par leurs charges ou par inclination. Ie creus le lieu
de la promenade le plus propre à mon dessein, veu que si ie l’attendois
à la ville, ie ne pourrois pas apprendre si tost la venuë, & d’ailleurs
qu’il seroit obligé de rendre des visites, ou d’en receuoir au
mesme instant, ce qui m’empescheroit d’auoir la liberté de luy parler
franchement, & luy de me dire plus particulierement les nouuelles.
Ie ne me trompay point dans mon calcul & dans mon opinion,
& le choix que ie fis du Cours de la Reyne me fut tres fauorable ; car
apres y auoir fait vn tour ou deux, & m’estre diverty dans ma melancholie
par le chant gracieux de l’aloüette, par le gazoüillement
de plusieurs oysillons, & par leurs entrebaisers innocents & amoureux,
apres auoir attentiuemẽt admiré le doux murmure de la riuiere,
l’agreable serenité de l’ait, & la merueilleuse dispositiõ de la terre
à receuoir sa verdure & sa beauté accoustumee. Ie vis estant au
bout du Cours du costé de Chaillot reuenir vn de mes plus fideles &
intimes amis : Si tost qu’il m’apperceut il descẽdit de cheual ; Apres
luy auoir fait mon compliment, comme ayant sçeu qu’il deuoit venir,
i’estois allé au deuant de luy & autres choses, il me tesmoigna
estre obligé de mes courtoisies, quoy qu’il le deust plustost à ma satisfaction
& à ma courtoisie. Il dõna son cheual à son laquais, & luy
cõmanda de l’emmener à la ville, pendant que nous nous en reuiendrions
tous deux par le Cours. Ie ne fus pas marry de la resolution
qu’il prit, & apres l’auoir prié assez legerement de monter à cheual,
voyant son refus ie receus auec plaisir l’honneur qu’il me faisoit, &