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Mazarinade n° C_10_30

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Anonyme [1649], LE SECOND THEOLOGIEN D’ESTAT, A MESSIEVRS LES GENERAVX. , français, latinRéférence RIM : M0_3770. Cote locale : C_10_30.


C’est vn grand vice de forcer femmes & filles, mesme les Religieuses.
Si ces inhumanitez tant de fois mises en vsage, s’estoient
arrestées en ce poinct, ce seroit peu, nos miseres seroient bien
douces à supporter, & nos plaintes ne paroistroient que criminelles.
 
Tursel. in
hist.
C’est vn crime horrible & qui crie vengeance au Ciel & à la
Terre, que de les éuentrer apres les auoir forcées. Ce seroit
encore peu de chose, si leur rage n’estoit passée au delà, nous
n’en eussions versé aucune larme dãs vos cœurs. Ie ne parle point
de tant d’innocens tuez en presence de leurs parens. Ie passe
aussi sous silence tant d’infortunées Religieuses qui ont suby
les mesmes cruautez. Ie ne dis rien de tant de biens iettez dans
les grands chemins par l’excez de leur manie. C’est vn sacrilege
insupportable de commettre de si noirs attentats sur les Autels
d’vn Dieu viuant & juste ; mais d’auoir arraché entre les mains
Sacerdotales le precieux Corps de Dieu tout-puissant, mais de
l’auoir prophane par des outrages & blasphemes inexplicables.
Ce funeste & veritable recit, ne fait-il point, Messieurs, fremir
toutes les parties de vos corps ? Ne vous fait-il point voir & toucher
au doigt l’interest d’vn Dieu si cruellement attaqué ? Celuy
du public & le vostre, à combatre ces Monstres de la Nature ;
n’est-il pas capable de vous animer à poursuiure sans reconciliation
aucune, cét ennemy de l’Estat & de la Vertu ? Croyez-vous
faire contre la Loy de la Nature, puis que vous en auez aussi bien
que nous tant souffert, & qu’elle permet de repousser la violence
par la violence mesme ? Pensez-vous enfraindre la Ciuile, puis
qu’il en est le destructeur ; ou la Morale, puis que le premier de
tous nos biens c’est de ne pas pecher, & le second c’est de corriger
& exterminer les pecheurs ? Mais les arbres qui sont au
sommet des plus hautes Montagnes, sont les plus batus des vents,
& nous voyons que Dieu confond tousiours l’orgueil & la vanité
de ces ames temeraires, qui foulant aux pieds toutes les Loix diuines
& humaines, n’ont pour objet que leurs interests & execrables
passions. L’exemple present nous le fait assez reconnoistre,
en nous forçant tout ensemble d’admirer sa diuine conduite,
pour faire ressentir à tous ses semblables le poids de sa main
vengeresse, qui se sert quelquefois mesme des plus foibles instrumens
pour en confondre l’orgueilleuse authorité, leur faisant regretter