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Mazarinade n° B_11_22

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Anonyme [1652], LES SENTIMENS D’VN FIDELLE SVIET DV ROY, Contre l’Arrest du Parlement du vingt-neufiesme Decembre 1651. , français, latinRéférence RIM : M0_3648. Cote locale : B_11_22.


que la consideration de leur bien particulier, les fist
resoudre à la defense du public ? D’où vient que ces hommes si
subtils & si clair-voyans pour remarquer les déreglemens de la
police du Royaume, n’ont ouuert les yeux que lors que l’on
a parlé de leur faire ouurir leurs coffres, & leurs thresors,
pour y trouuer dequoy subuenir aux necessitez publiques,
qu’ils n’ont commencé d’imputer au Cardinal les fautes de
l’Estat, que lors qu’il a souffert qu’on leur imposast vne partie
des charges de l’Estat, & que par vn bruit inopiné ils ont attaqué
sa fidelité & son innocence, qu’ils venoient de iustifier par
vn silence de plusieurs années ?
 
C’est le destin de ce Cardinal, comme i’ay desia dit, d’auoir
ses Iuges pour ses defenseurs, & ses accusateurs les plus passionnez
pour ses garands, soit qu’on les cherche dans les Palais
des Magistrats publics, ou dans les Cours des Princes du
sang Royal. Et en effet, pendant le dernier siege de cette
grande Ville, n’auons-nous pas veu son Altesse Royale, &
Monsieur le Prince armez & conjurez tres-estroittement pour
la conseruation de ce Prelat, parce qu’ils estimoient que le
proteger & le deffendre, ce n’estoit rien moins que de defendre
& proteger l’authorité du Roy, qu’ils soustenoient alors
estre sur le point de receuoir vne playe mortelle par le flanc de
ce Ministre, si on venoit à le chasser ; & cependant il m’est permis
icy, non de proposer vn simple doute, ou vne simple conjecture,
mais de publier vne verité, qui est exposée aux yeux
de tout le monde ; les mesmes Princes changez & deuenus
tout autres qu’ils n’estoient auparauant, embrassent des desseins
& des sentimens entierement contraires aux premiers. En
vn temps ils pensent que l’esloignement du Cardinal est la perte
du Royaume, & les voicy qui croyent que ç’en est le salut :
quand on assiege Paris, ils protestent qu’on perd tout si on
chasse ce Ministre : & apres ce siege, ils asseurent au contraire,
que si on le souffre tout est ruiné, tout est en desordre & en
confusion.
Mais qu’a donc fait ou entrepris ce Cardinal de si pernicieux,
ou de si detestable, depuis que ces deux Princes demeuroient
vnis, & se monstroient si ardens pour le defendre ?