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Mazarinade n° A_3_80

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Anonyme [1649], L’HERACLITE COVRTISAN. Væ, væ, væ, Superbia commune Nobilitatis malum. , français, latinRéférence RIM : M0_1621. Cote locale : A_3_80.


Diable dans le Ciel, & a donné la mort à l’homme, qui se pouuoit
attendre à la Beatitude qui luy auoit esté promise. Bref, c’est la
mere de tous maux ; la fontaine de toute impieté, & de toute meschanceté.
Elle a mis bas Goliath ; fait pendre Aman ; tué Nichanor
& Antiochus ; submergé Pharaon ; perdu Sennacherib, auec
plusieurs autres Grands. L’on dit aussi, que les foudres tombent
plus souuẽt sur les hauts edifices ; & pour l’ordinaire nous voyons
aussi, que ceux qui ayant surmonté leurs ennemis, viennent à s’enorgueillir,
sont en peu de temps plus estonnez que ceux qu’ils brauoient
& moquoient. Artabanus dissuadoit par cette remontrance
le Roy Xerxes, de faire la guerre contre les Grecs. Phylisthion
disoit aussi, Que la Fortune se joüoit de l’hõme, l’esleuant
bien haut, pour luy donner vne cheute plus grande & plus rude :
ce qui est beaucoup plus remarquable que la comparaison faite
par saint Ierosme, qui dit, que comme le vin fait tort au beuueur,
lequel estant releué, n’a pied ny esprit qui puisse faire son office
ou deuoir ; & que toute tristesse & réjouissance cesse alors : L’hõme
superbe qui est plein de desseins ne viendra aussi jamais à bout du
plus aisé & plus facile. Il ressemble (dit Folengius) à la fumée, laquelle
veut toûjours monter : enfin estant paruenuë à l’air, s’éuanoüit,
& ne se connoist plus : le superbe a aussi cette volonté d’estre
par dessus tout ; & lors qu’il a bien monté, il se trouue perdu
& égaré, ce n’est plus luy. Et ne plus ne moins que le feu qui veut
estre seul, il n’a voulu se mesler ou joindre à quelque chose ; il est
passé, & où ?
 
Chacun sçait bien toutefois, que la Superbe a coustume de s’associer
auec les richesses. Mais quelle ingratitude est-ce (dit saint
Ierosme) de se bander contre celuy duquel on tient la vie, & de
mespriser ses commandemens, puis qu’il ne cherche que les occasions
& les sujets de recompenser ? Ne faut-il pas juger que c’est
manque de jugement ? Le Superbe est tel ; car il mesprise les Commandemens
de Dieu, duquel il tient tout ce qu’il est. Quant à la
Superbe, qui est voilée de quelque signe d’humilité, elle est encores
beaucoup plus estrange & difforme, d’autant qu’elle bat &
attaque les vertus, qui la ternissent de telle sorte, qu’à peine la
connoist-on que par quelques signes, comme par vne rudesse en
paroles, vne amertume au silence, vne dissolution meslée dans la
joye ; vne fureur dans la tristesse ; vne honnesteté en l’apparence