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Mazarinade n° B_3_25

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Anonyme [1652], L’OFFICIER DE CE TEMPS DE LA MAISON ROYALE, Voyageant par la France pendant le temps present ; qui apprend les miseres & desordres qui se sont commis & commettent dans les Prouinces, Seigneuries & Terres du Royaume, causes d’icelles ; Dont il auroit escrit vne Tres humble Remonstrance faite au Roy, luy declarant les moyens d’y pouruoir à la gloire de Dieu, & le repos de son Estat, sur les mauuais conseils à luy donnez par ses plus proches. , françaisRéférence RIM : M0_2585. Cote locale : B_3_25.



Quinte Curse en la vie d’Alexandre, dit que par
experience on a connu, que les Royaumes ont plus
souuent esté destruits par les flateurs, que par les
ennemis & par guerre : C’est pourquoy l’Empereur
Sigismond les appelloit pestes & disoit les hayr comme
pestes.
Le Roy Antigone auoit ordinairement pres de
luy Zenon grand Philosophe, lequel estoit fort roide
pour la vertu, & souuent le reprenoit asprement de
ses fautes : Ce Roy neantmoins luy faisoit beaucoup
de bien & d’honneur : & comme aucuns s’en
ébaissoient, Antigone leur dist, Ie ne puis que
ie n’ayme grandement cét homme, car encore que
le luy face du bien, il ne s’est pourtant iamais amoly,
ains m’a tousiours bien conseillé, & franchement
dit la verité.
Pescennius Niger nouuellement fait Empereur,
fut grandement loüé d’vn flatteur qui le congratuloit
de sa nouuelle dignité : mais comme l’Empeur
l’eust oüy mentir, & dire de luy plus de bien qu’il n’y
auoit, Tais-toy (dit-il) & ne parle plus de moy :
Mais dis nous les loüanges de Marius & d’Hannibal,
ou de quelque autre grand Capitaine qui soit decedé :
Car loüer les viuans, c’est moquerie, principalement
les Rois & Empereurs, lesquels on craint, & desquels
on attend quelque bien. Aussi le sage dit, que
la vertu ne se doit iamais loüer qu’à la fin : & la raison
est, dit Sal[2 lettres ill.]ian, pource que la vertu n’est point
permanante ny asseurée en l’homme durant sa vie : &
pendant qu’vne personne est subiecte à mutation &
changement, elle ne peut estre loüée auec asseurance.
Nous pouuons remarquer infinis exemples entre
les anciens, de la grande liberté qu’ils ont euë, à reprendre
& remonstrer les fautes, non seulement de
leurs amis & esgaux, mais singulierement des Rois,