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Mazarinade n° B_14_15

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Anonyme [1652], RESPONSE DE MONSIEVR LE PRINCE DE CONDÉ Contre la verification de la Declaration enuoyée contre luy au Parlement de Paris. , françaisRéférence RIM : M0_3410. Cote locale : B_14_15.


s’égare facilement du chemin qu’il est obligé de tenir
aussi bien que le dernier sujet de l’Estat, il croit que pour
faire voir qu’il est au dessus des Loix, il luy est permis de
les renuerser, qu’il peut impunement commettre des crimes,
parce qu’il jouyst de la puissance absoluë qui distribuë
les graces ; & son ambition regarde comme ses ennemis
tous ceux qui ne veulent point estre ses esclaues. De là
viennent les proscriptions & tyrãnies ; De là viennent les
vexations injustes dont on voit des Prouinces & des Peuples
entiers affligez & reduits au desespoir ; & c’est enfin ce
qui oblige ces miserables persecutez qui voyent les Loix
de l’Estat, qui deuroient asseurer leur repos, detruites &
renuersées, d’auoir recours à celles de la nature, qui permettent
la deffense de la liberté contre la tyrannie de ceux
qui veulent l’opprimer.
 
C’est en de semblables conjonctures que tous les subjets
du Roy, sans manquer à leur deuoir, peuuent separer
l’authorité Royalle d’auec celle du Ministre, & que demeurant
dans le respect & la sousmission qu’ils doiuent
auoir pour la premiere, ils peuuent legitimement s’aimer
contre la seconde. Et cette maxime est tellement veritable,
que si elle pouuoit receuoir vne raisonnable contradiction,
le Parlement de Paris ne pourroit iustifier ce qu’il
fit en l’année mil six cens quarante-neuf, lors que pour se
deffendre de la tyrannie du Cardinal Mazarin, il fit prendre
les armes à la Capitale Ville du Royaume, il desliura
des Commissions pour leuer des Gens de guerre, il enuoya
des Garnisons dans les places voisines, & donna
pouuoir de prendre les deniers dans les Receptes, mit sur
pied des Trouppes qui combattirent celles que le Ministre
auoit fait approcher de Paris, & enfin inuita tous les autres
Parlemens du Royaume à se joindre à luy pour deffendre
& soustenir sa cause, & fortifier ses Armes qu’il croyoit
justes, parce qu’elles n’auoient point d’autre objet que le
Ministre, qu’il appelloit le tyrannique vsurpateur de l’authorité
Royalle, & qu’il declara comme tel, Ennemy du
Roy & de l’Estat, & le perturbateur du repos public.