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Mazarinade n° C_3_9

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Davenne, François [?] [1650], LETTRE PARTICVLIERE DE CACHET envoyée par la REYNE REGENTE A MESSIEVRS DV PARLEMENT. Ensemble vne response à plusieurs choses, couchées en la Lettre envoyée au Mareschal de Turennes, & aux avis donnez aux Flamans. , françaisRéférence RIM : M0_2250. Cote locale : C_3_9.


au nom du Roy, contre l’Espagne ; vous vous en devez
attrister, au lieu que les conquestes vous faisoient autresfois réjouyr,
parce que son orgueil s’accroist d’vn costé pour vous opprimer
en forçant l’ennemy, & que sa force diminuë de l’autre,
afin de vous craindre, se voyant veincu : s’il gaigne, il vous perd ;
mais s’il perd, vous gangnez : Vous gangnez vostre vie, s’il perd ;
des citez, & vous en faites perte, s’il en acquiert. I’acquisition
des places le rend superbe, pour vous humilier, & la prise d’icelles
l’humilie, afin de vous donner courage à le bannir.
 
Estrange chose qu’il se faille ébattre d’vn grand mal, pour en
éviter vn plus grand ! il vous [1 mot ill.] dans vne telle extremité,
qu’il vous faut estre ioyeux des maux de la Monarchie, pour vostre
bien, & triste de l’avantage des armes, à cause que le Ministre
vous en nuira. Puis qu’il divise ainsi le Royaume contre luy
mesme : iugez vn peu quel en peut estre le succez.
 
Estrange changement que Mazarin a mis,
Qu’il nous faille ejouyr de nos propres miseres,
Et pleurer en faveur de nos fiers ennemis,
Quand les choses nous sont entierement prosperes.
 
Afin de se remetre bien dans l’Estat, apres les huées qu’on luy
a faites, il fait semblant de le vouloir faire fleurir, pour recouvrer
le credit qu’il a perdu. Et pour vous mettre mal avec les peuples :
il vous oblige à des choses que vous devriez abhorrer, par
ce qu’il vous fait perdre la reputation que vous aviez.
Il témoigne par vn Avis qu’il fait donner aux Flamans, qu’il
n’est pas cause que la Paix ne se soit concluë, mais ce sont autant
de paroles qui luy donnent autant de dementis, parce que l’on
sçait fort bien qu’il l’a pû faire, & qu’il n’a pas voulu, c’est pourquoy,
quand il l’a voudra, il ne l’aura point.
Il se vante qu’il y a autant d’or en France que iamais, quoy
qu’il soit caché, & qu’il sortira au besoin, comme vn fleuve, afin
d’innonder l’Espagne, mais il feroit mieux de dire, qu’il le fera
parestre comme vne mer affreuse, afin de ravager les François.
Ie prends plaisir de voir, comme apres avoir déchiré le Prince,
il le traitté par vn admirable stratageme, favorablement ! il
sçait, comme vn ieu d’orgues adoucir ses tons. Il veut que ceux
qui le defendent, par ce que l’interest ou la Iustice les y oblige,
soient criminels, & qu’on luy rende des mauvais offices, dautant