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Mazarinade n° A_2_31

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Demophile [1649], DESCRIPTION DES VIES, MOEVRS, ET FACONS DE FAIRE DES PEAGERS, Publicains, Maletostiers, Monopoleurs, Fermiers, & Partisans, non moins facetieuse, naïfve & veritable, que serieuse, & mystique, Composé par DEMOPHILE. , françaisRéférence RIM : M0_1059. Cote locale : A_2_31.


nuict, qui donne le repos aux hommes, n’avoit pour
eux que des chagrins, & des soucis, qui les rongeoient
comme le ver fait dans vn coffre les habits, &
les forçoient de veiller presque incessamment, & ce
qui a esté inoüy aux siecles precedens, au lieu que
cette Iliade de miseres devoit esmouvoir ces gens de
sac, & de cordes à commiseration, elle les a réjoüy, &
excité à les trauailler encore plus, afin qu’ils fussent cõsommez
de langueur, comme l’herbe des prez que
le Soleil a fanée, ils auoient leur peau flestrie, & leur
visage blesme tesmoignans qu’ils n’avoient plus de
sang dans leurs veines, ny de vie en leur cœur, &
leurs membres estoient aussi desfigurez, & secs que
squeletes. Voila comme ils ont traité depuis plusieurs
années mille & mille, & mille François, qu’ils ont
moins estimé que les bouchers ne font les bœufs, &
les moutons qu’ils tuënt pour vendre à la boucherie.
Nonobstant tout cela, leurs festins ne cedoient en
magnificence à ceux d’vn Lucullus, parfois en impureté
à ceux d’vn Tybere, puisqu’ils y pratiquoient
des impudicitez capables de faire rougir les tenebres
qui leurs servoient de voile. Aussi à vray dire leur chair
estoit comme la chair des asnes (dediez à Priape
Dieu des Iardins) leur flux comme le flux des chevaux
y nageans dans le vin, la chair cuite (& cruë)
leur chaleur faisoit aisémẽt cõnoistre qu’on ne s’y taisoit
pas, ainsi qu’au banquet des sacrifices d’Oreste ;
mais la confusion des langues, & du babil y regnoit
en si haut appareil, qu’elle n’en deuoit rien à celle de
la tour de Babel, y traitans des moyens plus commodes