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Mazarinade n° B_19_47

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Lorme, J.-C. de [1649], L’APOLOGIE DV THEATRE DV MONDE RENVERSÉ OV LES COMEDIES ABBATVES DV temps present. Par I. C. D. L. , françaisRéférence RIM : M0_116. Cote locale : B_19_47.


en l’autre pour les vuider. Mais il est trop bon seruiteur du
Roy pour n’obeïr pas à ses commandemens, & ne redouter pas la
rigueur de ses ordonnances.
 
Admirons l’heureuse memoire de cét homme, ou la peine qu’il
a pris de ramasser tant de lambeaux, & petits morceaux pour dresser
à pieces rapportées vne Comedie ou Apologie si grotesque,
celuy qui entreprend le renuersement de ce Theatre, proteste
tout de bon à nostre Comedien de se contenter de la peine qu’il
a euë de l’acheuer depuis deux ans en çà, sans en prendre autant
qu’elle sera par terre, & sans vouloir ranger chaque ligne d’où elle
a esté empruntée, & chaque mot d’où elle a esté tirée. Tout ce
que nous dirons de luy, c’est qu’il est fort industrieux, & sçait bien
rendre mauuaises les choses les meilleurs ; il est necessaire de
considerer chaque chose en sa situation & en sa posture naturelle
pour en iuger comme il faut, autrement il est bien aisé de rendre
horribles & difformes les choses les plus belles : celuy-là qui
couperoit la teste d’vne statuë, en laquelle toutes les regles de la
sculpture seroient parfaitement obseruées, & la poseroit au milieu
du corps, qui metteroit les pieds où les jambes en sa place, &
osteroit les bras du lieu que la nature leur a donné, pour les placer
en quelque autre endroit, d’vne chose parfaite (fut elle si zelée
de la main de Myron) en feroit infailliblement vne imparfaite ;
d’vne chose belle, vne laide ; d’vn corps bien proportionné vn
monstre defectueux, qui feroit horreur à ceux qui l’auroient auparauant
admiré : Cette DIANE de la salle des Antiques, tant
vantée des Sculpteurs & des Peintres, si elle estoit ainsi mal traitée,
produiroit les mesmes effects. Autant en pouuons nous dire
du corps mieux proportionné, & du visage le plus beau de Paris,
fut-il peint auec toutes les regles de l’Art, & auec toute la science
qu’y rapporte ce Peintre Hollandois à qui la nature a reserué
les dons particuliers pour la vraye & naïfue ressemblance ; celuy-la
qui apres le dernier coup de pinceau, couperoit les yeux du
portraict acheué pour les oster de leur place, & pour en mettre l’vn
au milieu du front, & l’autre en la poictrine ; qui leueroit le nez
& le menton du lieu qu’ils occupent pour les mettre en ceux des
des oreilles, & qui mettroit celle-là en la place de ceux-cy ; qui
prendroit les deux parties de la gorge pour les porter en la place