[retour à un affichage normal]

Accueil > recherche > Affichage d'une occurrence en contexte

Mazarinade n° A_5_87

Image de la page

Sipois, Cermier de (P. A. N.) [signé] [1649], LETTRE DV SIEVR CERMIER DE SIPOIS, A MONSEIGNEVR LE DVC D’ORLEANS. SVR LES DEFFIANCES DE de quelques particuliers touchant la Paix. , français, latinRéférence RIM : M0_2198. Cote locale : A_5_87.


vne grande multitude vn assez bon nombre qui sçache
ce que c’est de l’Art Militaire ; tout est à craindre de
personnes qui sont (pour ainsi dire) dans le desespoir,
& qui ayment mieux mourir de quelque façon que se soit,
que de tomber entre les mains de leurs Princes, desquels
ils attendent vn tres-mauuais traittement, De spepata salute
nullum acrius telum mortalibus-est. Qui ne sçait ce
qui arriua vers l’année 557. sous le Roy Clotaire ? Les
Saxons, peuple qui ne pouuoit souffrir vne domination
estrangere, ne se soumettoit qu’à peine à la puissance
des François ; delà venoit qu’ils auoient l’esprit fort porté
à ce mutiner. Clotaire estant encor Roy de Soissons,
auoit dompté cette reuesche nation. Ses freres estans
morts, il demeura seul Roy de toute la France, qu’il ne
tint pas long-temps paisible, à cause d’vne reuolte des
Turingeois ; qui embarquerent facilement dans leur
party les Saxons, comme estans leurs voisins. Ces deux
peuples ayans rallié le plus de Soldats qu’il leur fut possible,
se donnerent la hardiesse de liurer vne bataille à
Clotaire, en laquelle ayans esté mis en déroute, ils eurent
recours aux prieres, pour en impetter le pardon de
leur temerité. Mais quoy qu’ils missent les armes bas, ils
ne pûrent iamais flechir la rigueur de ce Prince inexorable ;
ce qui fit que le peril & la necessité leur donnans de
l’audace, ils se mirent en defense, plus déterminez que
iamais par cette sanglante resolution de se perdre. Apres
donc auoir long-temps combattu auec vn égal succez
des armes, se sentans capables de resister contre leur esperance,
ils hausserent leurs courages, & les François
furent estimez vaincus, pour n’estre pas vainqueurs. Là
dessus les ennemis iettans vn grand cry, firent vn puissant
effort sur les nostres, que la crainte & le nombre
auoient desia mis en desordre & les taillent en piece,
puis saccagerent leur camp : à peine Clotaire se pût-il
sauuer à la fuite, laissant par ce desastre inesperé, vn
bel exemple à tous les Roys, qu’il ne doiuent iamais