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Mazarinade n° D_1_20

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Anonyme [1650], ADVIS SVR LE GOVVERNEMENT DE L’ESTAT. , françaisRéférence RIM : M2_36. Cote locale : D_1_20.


tomber le Ministere entre les mains fut si grande, qu’ils commencerent
leur capitulation par la, comme par l’endroit qui leur estoit le
plus sensible.
 
Les François qui ont tousiours voulu viure selon leur ancienne
liberté n’ont iamais pû souffrir le Ministere des Estrangers ; non
seulement parce qu’ils se voyent par eux deuancez dans les
charges & dans les honneurs dont ils sont tres-ialoux : mais parce
qu’il leur a esté presque impossible de s’accoustumer à la legereté
des Anglois, à la pesanteur des Allemands, au fa[1 lettre ill.]t des Espagnols,
& à la longueur des Italiens, tant à rien resoudre qu’à bien faire ;
les nouuelles façons d’agir qu’on a voulu introduire parmy eux, &
sur tout dans les choses où il y va de l’interest des particuliers, leur
ont esté insupportables : Et nostre Histoire nous en remarque peu
qui en ayent remporté tout l’aduantage qui s’en estoient promis.
Charlemagne eust beaucoup de peine a estouffer par adresse & par
force les conspirations que les Lorains firent contre luy : parce que
pour la Iustice & pour les Armes, il se seruoit plustost des Estrangers
que de ceux du pays. Charles Duc de Bourgongne, apres
auoir essuyé les plaintes que ses Subiets firent contre luy, de ce
qu’il auoit esleué le Comte de Campobachy Neapolitain, iusques à
sa faueur & à son Ministere, trouua qu’il auoit donné ses affections
à vn traistre, & que son Estat estoit en danger par l’infidelité de
celuy à qui y il en auoit confié la conduite. Charles le Simple ayant
voulu au mépris des François remettre les principaux soins de ses
affaires à des Allemands, fut enfin dépoüilé de sa Couronne, & finit
sa vie en prison : Et I[1 lettre ill.]othaire son petit fils, ne s’estant point rendu
prudent par le malheur d’autruy, laissa l’Empire si foible & si
fragile à son fils qu’il fut le dernier de la race de Charlemagne qui y
commanda. L’Empereur Louis mesme, ne se pût garantir qu’auec
beaucoup de peine des coniurations faites contre sa Personne par ses
propres Enfans, & par les Princes de l’Empire, par ce qu’il auoit fait
venir dans sa Cour Bernard Comte d’Espagne, & qu’il luy auoit
donné le secret de ses affaires auec la charge de son Maistre de
Chambre.
Enfin, pour abreger tous nos exemples en vn seul r’appellez en
vostre memoire la fin tragique du Mareschal d’Ancre & l’Arrest
de la Cour de Parlement contre les Estrangers pour les exclure du