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Mazarinade n° D_2_11

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Anonyme [1649 [?]], ADVIS SVR L’ESTAT, touchant les Affaires PRESENTES, & le gouuernement Estranger. , françaisRéférence RIM : M0_547. Cote locale : D_2_11.


Histoire nous en remarque peu qui en ayent remporté tout l’aduãtage
qui s’en estoient promis. Charlemagne eust beaucoup de peine a
estouffer par adresse & par force les conspirations que les Lorrains firent
contre luy : parce que pour la Iustice & pour les Armes il se seruoit
plûtost des Estangers que de ceux du païs. Charles Duc de Bourgongne,
apres auoir essuyé les plaintes que ses Sujets firent contre luy,
de ce qu’il auoit esleué le Comte de Campobachy Neapolitain, iusques
à sa faueur & à son Ministere, trouua qu’il auoit donné ses affections
à vn traistre, & que son Estat estoit en danger par l’infidelité de
celuy à qui il en auoit confié la conduite. Charles le Simple ayant
voulu au mespris des François remettre les principaux soins de ses
affaires à des Allemands, fust enfin despoüillé de sa Couronne, & finit
sa vie en prison : Et Lothaire son petit Fils ne s’estant point rendu
prudent par le malheur d’autruy, laissa l’Empire si foible & si fragile à
son Fils, qu’il fut le dernier de la race de Charlemagne qui y commanda.
L’Empereur Louis mesme ne se pust garentir qu’auec beaucoup
de peine des conjurations faites contre sa Personne par ses propres
Enfans, & par les Princes de l’Empire ; parce qu’il auoit fait venir
dans sa Cour Bernard Comte d’Espagne, & qu’il luy auoit donné
le secret de ses affaires auec la charge de son Maistre de Chambre.
 
Enfin, pour abreger tous nos exemples en vn seul, rappellez en vostre
memoire la fin tragique du Mareschal d’Ancre, & l’Arrest de la
Cour de Parlement contre les Estrangers pour les exclure du Ministere ;
& prestez l’oreille aux murmures publics qui s’éleuent à tout
moment contre le Cardinal Mazarin, dont on ne peut supporter la façon
d’agir entierement contraire à celle de nostre Nation : Ie ne touche
point à sa vie, ie la croy sans reproche, outre que sa dignité le met
au dessus de toutes sortes d’atteintes : Ie ne veux pas dire comme le
vulgaire, qu’il a emporté tous les deniers de France en Italie ; qu’on
ne voit que Loüis dans Rome, & que ses Compatriottes les ont nommez
des Mazarins : Ie ne diray pas qu’il empesche la paix pour s’affermir
pendant la guerre, & qu’il medite parmy nous des establissemens,
dont la seule pensée fait peur à ceux qui ont de la peine à supporter
vne domination Estrangere. Mais ie vous prie examinez sans passion
chaque Courtisan en particulier, & au cas que tous ne crient & ne
protestent qu’il espuise par ses longueurs la bourse de tous ceux qui
font la cour, & la patience des plus sages, dites que ie suis vn meschant ;
Ils vous aduoüeront, (ie n’excepte pas ses plus intimes amis)
que la lenteur auec laquelle il fait du bien, rend ses ennemis ceux qui