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Mazarinade n° A_5_94

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Anonyme [1649], LE VRAY POLYTIQVE OV L’HOMME D’ESTAT DES-INTERESSÉ AV ROY LOVYS XIV. SVRNOMMÉ DE DIEV-DONNÉ. , françaisRéférence RIM : M0_4073. Cote locale : A_5_94.


qu’il estoit ne l’osa iamais entreprendre. De s’imaginer que la
consideration de l’assistance qu’il en auoit receuë au besoin, fust
ce qui l’en destourna ; c’est vn erreur, la suitte fit bien assez reconnoistre
à ce magnanime Prince, que c’estoit la secte de Caluin,
& non pas la race de Bourbon, qu’ils auoient fauorisez en
sa personne, & qu’ils l’auoient tousiours mieux aymé pour compagnon
de leurs erreurs, que pour Maistre de leurs villes. Estant
donc certain, que ny la souuenance des seruices qu’il auoit receus
de ce party, ny l’esperance de ceux qu’il en pouuoit receuoir, n’ont
pas esté ce qui le diuertit de cette entreprise, à quoy en peut-on
plustost attribuer la vraye cause, qu’à l’apprehension qu’il
eut de s’engager en vne affaire, dont il iugeoit l’entrée plus
facile que l’issuë ? Il voyoit vn party fondé sur vn grand nombre
de bonnes places, fortifié de beaucoup d’intelligences estrangeres,
cimenté des interests des plus grands, & tellement appuyé
d’ailleurs de ses propres forces, que tout ce que les Roys precedens
auoient gagné, par tant de batailles, & par tant d’années,
estoit d’auoir fait de leurs Edicts de Paix, autant d’exemples que
l’on se peut souleuer contre le Louure, non seulement auec impunité,
quand on est le plus foible, maîs auec recompense, quand
on est le plus fort. Ie ne dis pas cecy, de vostre ayeul, Sire,
pour diminuer en façon du monde, la gloire de ce genereux
Monarque, que la posterité ne se lassera iamais d’admirer,
mais pour augmenter celle de son fils, pere de vostre Maiesté, par
la loüange, que ce luy a esté, d’auoir fait en cela plus que luy. Ce
diuin esprit, iettant quelquefois d’enhaut les yeux icy bas sur les
ruines de cette ville orgueilleuse, que vostre pere, Sire, n’assiega pas
seulement contre l’opinion de plusieurs : mais qu’il prit contre
l’Esperance de tout le monde. Il regarde maintenant auec plaisir
ses trophées, tellement éleuez sur les siens, qu’ils touchent presque
le Ciel. Puis tournant la veuë sur ces autres Prouinces,
où en moins de trois mois, il mit heureusement fin à ce
grand ouurage qui sembloit demander plus de trois ans, il
sceut que la prosperité de ses affaires adiouste en luy quelque
chose à cette ioye infinie, qui ne reçoit point d’accroissement.
 
Pour ce qui touche les Espagnols, on n’en peut pas à la
verité dire de mesme, estant chose connuë de tout le monde,
que sans le mal-heur deplorable, qui nous rauit cet Henry le
Grand, il les alloit renfermer dans des bornes, qu’ils n’eussent
rompuës de cinq cens ans.
Ceux qui se souuiennent de la conioncture des affaires de ce
temps-là, m’auouëront que la partie qu’il auoit faite, estant en
toutes sortes, bien plus forte que celle de Louys le Iuste, il n’auoit