[retour à un affichage normal]

Accueil > recherche > Affichage d'une occurrence en contexte

Mazarinade n° A_5_21

Image de la page

Anonyme [1649], LE ZELE ET L’AMOVR DES PARISIENS ENVERS LEVR ROY. , françaisRéférence RIM : M0_4082. Cote locale : A_5_21.


d’abysmes à s’exposer ; que nostre affection apprehende & ne braue pour
l’amour de nostre cher Prince. Que nous pourroit-il commander que
nous ne fussions bien ayses de faire ? Ce cher Roy ; que Pourroit-il desirer
de nous, à quoy nous ne nous resolutions pas.
 
Nostre fidelité est assez conneuë par nostre souffrance, & les preuues
de nostre amour sont assez grandes dans nostre mal-heur. Il y a long-temps
que pour l’amour de luy nous auons enduré les tyrannies de ces infideles
Ministres : Et que sans nous plaindre nous auons veu regner impunément,
la barbarie de ces cruels bourreaux. Il y a long-temps que l’on nous tient
dedans la gehenne, & qu’on a mis aux fers nostre liberté. Le nom seul de
nostre Monarque, à la faueur duquel nos ennemis nous ont persecutez,
nous a fait souffrir nos douleurs sans murmure. Nous auons respecté les
mains violentes dont nous souffrions la rage extreme ; pource qu’elles agissoient
en ce nom sacré.
Qui ne sçauoit pas les meschancetez de Iulles Mazarin, ce Ministre perfide
a nostre ieune Monarque ; & ce lasche seducteur de son Illustre Mere ?
Est-il quelque François assez aueugle ; pour n’auoir pas connu les pernicieux,
& les grossiers artifices dont cette ame execrable tramoit les desseins
de nostre ruine ? Lerida & les mal-heurs de Monsieur le Prince en Catalogne
nous l’ont trop appris. Landrecis, Dixmude & Courtray en Flandres,
nous en ont trop enuoyé de nouuelles. Orbitelle, Piombine, Portolongone,
& Naples en Italie, nous l’ont trop dit & trop découuert pour l’ignorer
encore ; les exactions qu’il a commises dans tout ce Royaume : Ces extremes
& ces inhumaines violences que nous auons diuersement ressenties,
nous en ont trop instruit pour en auoir souffert le doubte. La malice de ce
cruel fauory nous a donc assez esté reconnue, & toutesfois nous l’auons
soufferte ; pource que nous nous sommes imaginez qu’il estoit en quelque
sorte ou plaisant ou vtile à nostre Monarque.
Mais enfin nous voyons bien qu’il ne peut estre ny l’vn ny l’autre. Il ne
luy est plutost rien que tres-funeste ; puis qu’il medite la ruine de son
Royaume, ny que tres-desagreable, puis qu’il le priue de la veuë de son
peuple. Nous sçauons bien que nostre Roy nous ayme, & qu’il ne peut
que haïr celuy qui nous le rauit. Nous sçauons bien que son cœur innocent
gemit sous la tyrannie de la malice de ce barbare. Nous sçauons bien que
souuent il demande Paris, & qu’il ne peut viure esloigné de nous.
Rend nous donc nostre Roy, cruel, & ne captiue pas plus long-temps le
plus grand Prince de toute la terre. Si l’Espagne & si l’Angleterre ont eu
en diuers temps deux de nos Monarques prisonniers, dont la vertu fut trahie
par le caprice de la fortune : Est-il iuste, & c’est il iamais veu qu’vn
Espagnol tint vn Roy de France captif dans sa propre maison Royalle. Pense
à ce que ta rage execute, indigne Sicilien. Fremit tyran, de la haute & de
la temeraire insolence de ton crime. Mais qui pourroit esperer d’amollir
cette ame de bronze, que les pleurs de nostre Roy n’amollisse pas. Si la prudence
du Parlement n’en vient about, & les armes que tient en main cette
souueraine Iustice, ne triomphent de ce perfide ; en vain poussons-nous des