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Mazarinade n° B_11_35

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Anonyme [1652], LES CONFERANCES DV CARDINAL MAZARIN AVEC VN DE SES PLVS GRANDS CONFIDENTS, TENVES A S. DENIS EN FRANCE auant son depart, I. Il represente toute l’histoire de sa vie, depuis son arriuée en France iusques à present. II. Les trauerses qui luy sont arriuez, tant par Messieurs les Princes, que des iugemens contre luy rendus par Messieurs de Parlement. III. Les deffences qu’il a exercée, & exercent contre ceux qui luy en veulent. Ensemble les responses du Confident du Cardinal Mazarin, luy representant les malheurs qui luy pourroient arriuer cy-apres, sur toutes les articles par luy proposée en ces rencontres. , françaisRéférence RIM : M0_746. Cote locale : B_11_35.



Le Cardinal. I’aurois aussi eu esgard à cela, & n’aurois
voulu rien faire qui m’eust esté preiudiciable.
Response. Monseigneur c’est vn pain bien long que
ces seruices là, les pauures François seroient morts par
vn si long ieusne.
Le Cardinal. Les gardes machines ne se meuuent pas
si viste. Si le chappeau de Cardinal m’a esté facile à acquerir,
grand mercy aux François ; mais les Italiens se
menent vn peu d’vne autre façon, il n’y à que l’argent
qui les fasse parler.
Response. Mais, Monseigneur, ie n’entends point
cela, que vous dites que vous vouliez detourner la paix
pour vous enrichir ; N’est-ce pas dans la paix que l’abondance
regne ? Et la guerre n’est elle pas vn gouffre,
qui engloutiroit les richesses d’vn Cresus ?
Le Cardinal. Oüy, si l’on payoit les soldats, & qu’on
n’eust point d’autre but que de conquerir : Mais cela
est bon à des idiots ; la France est si belliqueuse, que si
l’on luy laschoit labride, & qu’on payast bien les soldats,
l’Espagne ne luy seroit qu’vn des-jeuner. Mais ce
n’est pas là le jeu des bons Politiques, ny mesme l’interest
de la France.
Response. Vous me rauissez l’esprit, Monseigneur,
Vos maximes sont admirables, & me surprennent d’autant
plus, qu’elle semblent choquer le sens commun.
Le Cardinal. Vous m’auez interrompu, il me semble
que j’allois dire quelque chose de bon, sur quoy en
estois-je ?
Response. Monseigneur, vostre pensée estoit si subtile,
qu’elle m’a aussi eschappé de l’esprit.
Le Cardinal. Ie m’en souuiens à present. Ie disois que
ce n’estoit pas mon interest, ny celuy de la France de
conquerir si promptement.
Response. Mais, Monseigneur, si l’on ne fait la guerre
que pour conquerir, & que la guerre soit vn fleau de