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Mazarinade n° C_6_26

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Anonyme [1649], LES MOTIFS DE L’VNION DV BOVRGEOIS DE PARIS, AVEC LE PARLEMENT, REPRESENTEZ A LA REYNE, Seruans de response aux Libelles jettez dans Paris. Où est descouuerte la fausse Politique des deux Ministres Cardinaux. , françaisRéférence RIM : M0_2500. Cote locale : C_6_26.


appris de là que cet esprit, qui n’est remply que d’ambition, tasche de soustraire aux
François l’honneur qu’ils se sont acquis par l’heureux succez de leurs armes : afin de nous
persuader qu’en desirant son exil, nous souhaitons nostre perte, & souffrant qu’il sorte
hors du Royaume, c’est laisser eschapper sa principalle force & son apuy : Mais cette entreprise
insuportable ne nous sçauroit faire assez admirer la deferẽce que luy rend Monsieur
le Prince, de souffrir qu’il luy oste la gloire qu’il s’estoit acquise, en obtenant vne partie de
ces victoires auec l’aide de nos genereux guerriers, & nous fait croire qu’il a charmé ce
Prince pour luy faire employer tout son courage contre ceux de sa Nation, n’en tesmoignant
aucun pour venger l’iniure que luy fait ce discours & à toute la France, qui
fait pour nous dans nos esprits vn effet tout contraire à ce que ce Ministre l’auoit preparé,
puis que la bonne conduite de nos Chefs, & le courage de nos soldats nous sont trop cogneus
pour nous pouuoir persuader que les victoires que nous auons obtenuës soient
deuës à autre, apres Dieu, qu’à leurs merites. Aussi faudroit-il ignorer, pour en croire autrement,
ce dont nous sommes trop bien instruits, que toutes les entreprises que ce Cardinal
Estranger a proposees dans le Conseil, ont esté ruineuses à la France, & n’ont seruy
qu’à diminuër sa gloire ; Recours à celle qu’il a tesmoignée desirer si ardemment pour
l’Italie & tant d’autres, dont nous ne pouuons nous ressouuenir sans conceuoir vn deuil
extréme d’auoir veu par tant de temps la France si mal administrée.
 
C’est pourquoy nous ne pouuons souffrir qu’il vienne maintenant nous dire que Messieurs
du Parlement ont empesché l’effet de la paix qu’il nous auoit preparée par ses belles
actions ; car tant s’en faut que cet artifice puisse faire quelque impression sur nos
esprits, qu’il nous fait augmenter l’indignation que nous auons iustement conceuë contre
luy, parce qu’il nous remet en memoire le discours qu’il tint autrefois si hautement,
& que tant de gens de bien ont remarqué, comme vn des chefs de son procez, qu’il tenoit
la paix entre ses mains, & qu’il la concluroit quand bon luy sembleroit.
Il ne peut pas dire que pour lors le Parlement luy seruist d’obstacle pour accomplir ses
volontez : car cet illustre Senat estoit encores dans le sommeil, & n’auoit commencé à
luy tesmoigner sa puissance ; & toutefois nous auons veu, qu’il n’a voulu ouurir sa main
pour nous donner cette paix tant desirée d’vn chacun, parce qu’elle l’eût empesché de la
fermer, pour transporter nos Finances en Italie. C’est pourquoy au contraire de la fauoriser,
il n’est que trop conuaincu d’auoir arresté le cours de nos victoires & de nos prosperitez,
lors qu’il a preueu que de les pousser plus auant, c’estoit mettre fin à la guerre,
& donner l’accomplissement à nos desseins : C’est par cette raison qu’il a laissé perir de si
belles armées au milieu d’vne campagne, apres auoir emporté des aduantages que les ennemis
iugeoient eux mesmes estre capables de leur faire perdre des Prouinces entieres.
Ce n’est pas tout, Madame, & nous sommes fort bien instruits ; que n’ayant peu si fort
empescher nostre bonheur que l’Espagnol ne se soit resolu plusieurs fois de nous accorder
la paix aux conditions les plus aduantageuses que nous ayons peu souhaiter, & que nous
leur auions nous mesmes proposées, il s’est seruy du ministere d’vn Plenipotentiaire affidé
pour interrompre cette paix, & empescher que Monsieur le Duc de Longueuille & Monsieur
d’Auault n’accomplissent leur pouuoir toutefois & quantes qu’ils en ont eu l’occasion,
se trouuant tousiours chargé de quelque pacquet secret & sans datte, qui contenoit
des propositions ridicules & sans apparence, que ce Confident auoit charge de
propose : Et ainsi c’est auec raison que nous n’auons peu nous persuader que la paix nous
peust estre donnée par celuy qui a creu ne pouuoir conseruer le rang qu’il s’est iniustement
acquis que dans la confusion & dans la guerre, & qui abusant de ce doux nom de paix,
voyant que ses artifices ne pouuoient auoir aucun effet, nous en a fait menacer secretement